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CHAPITRE II PORTRAITS DETRADUCTEURS Progress is manifested more clearly through one's work than in being a progressionist. The men ofihe twelfth century worked. Guy Beaujouan La traduction, bien qu'elle n'existât pas en tant que profession reconnue au XIIe et au XIIIe siècle —le traducteur n'étantjamais désigné comme tel, mais comme un membre de l'Église s'occupant de traduction (XIIe ) ou comme un maestre («maître») au service du roi (XIIIe ) —, faisait partie intégrante de l'activité des lettrés, au même titre que la lecture ou l'écriture. Sil'on ne peut parler, à cette époque, de «traducteurs professionnels20», on doit cependant poser un certain nombre de questions concernant ces hommes: qui étaient-ils? À quelle catégorie sociale appartenaient-ils? Quelles étaient leurs qualifications en matière de langue et de connaissance des sujets ?Traduisaient-ils pour un public et, le cas échéant, pour qui? Quels étaient leurs buts, et dans quelle mesure les définirent-ils clairement? Quel 20. Cette notion, de fait, demeure problématique dans la mesure où, y compris de nos jours, elle peut renvoyer, selon les contextes, à des situations fort différentes. Le «littéraire», rarement traducteur à plein temps, est-il moins «professionnel» que le traducteur de logiciels ou de modes d'emploi ? Dans quelle mesure, par ailleurs, la reconnaissance professionnelle de ce dernier passe-t-elle par l'appartenance à une association ou à une «société» ? 39 CHAPITREII PORTRAITS DE TRADUCTEURS Progress is manifested more clearly through one's work than in being a progressionist. The men ofthe twelfth century worked. Guy Beaujouan La traduction, bien qu'elle n'existat pas en tant que profession reconnue au xne et au Xluesiecle -Ie traducteur n'etant jamais designe comme tel, mais comme un membre de l'Eglise s'occupant de traduction (Xne ) ou comme un maestre ( (Hugonnard-Roche, 1984: 59). Cette evaluation, qui va aI'encontre de I'opinion voulant que, dans ses travaux originaux , Dominique Gundisalvi n'ait fait que reproduire des donnees recueillies dans des ceuvres precedemment traduites, montre la nature du lien devant etre etabli entre traductions et creations chez ce clerc. En fait, chez ce traducteur comme chez d'autres, l'existence, pour reprendre I'expression de Danielle Jacquart, d'une «dialectique traduction-recherche» apparait evidente tant pour Ie travail individuel de creation que pour celui qui donna lieu ades collaborations. HERMANN LE DALMATE Hermann Ie Dalmate, clerc d'origine slave repondant au nom latin de Hermanni Secundi et Hermano quoque Dalmata et parfois nomme en fran~ais Hermann de Carinthie ou Hermann Ie 48 PORTRAITS DE TRADUCTEURS Second aurait vécu de 1113à 1154. Ses réalisations virent lejour entre 1138 et 1143 environ. Il aurait étudié en France, à Chartres, sous la direction de Thierry de Chartres, à qui il dédia ultérieurement certains de ses travaux (Burnett, 1978: 100). Il se serait rendu en Espagne à la fin des années 1130. Après avoir collaboré avec Robert de Chester à diverses traductions, dont celles qui furent patronnées par Pierre le Vénérable — il apparaît dans une rubrique concernant la traduction du Coran sous l'épithète de «Hermannus Sclauus scolasticus subtilis et ingeniosus» (d'Alverny, 1947: 80)—, il se rendit à Léon puis à Toulouse où il se trouvait en 1143 (Wolff, 1983: 38). HUGUES DE SANTALLA Ce prêtre espagnol dont l'activité se situe entre 1119 et 1151 apparaît sous les appellations diverses de Hugo Sanctallensis, Hugo Sandalensis, Hugo Strellensis et Hugo de Santalia (Gil, 1974: 62).Il figure au nombre des traducteurs ayant exercé durant la première moitié du XIIe siècle en Espagne, et plusprécis ément dans la petite ville aragonaise de Tarazona25. Hugues de Santalia exerça ses activités sous la protection de l'évêque Michel, un compatriote de l'archevêque Raymond, qui exerça ces fonctions delll5à!151et patronna, semble-il, des traductions latines d'ouvrages arabes, principalement consacrées à l'astronomie et à l'astrologie. Hugues de Santalia en signa une dizaine, dont les plus connues sont consacrées à l'astrologie. Il s'intéressa également aux sciences occultes — spatulomancie26 , géomancie27 — et à l'alchimie. 25. C'est dans cettepetite ville de quelque dix mille habitantssituée àsoixantequinze kilomètres de Saragosse, capitale de la communauté autonome d'Aragon, qu'est située la «Casa del Traductor»qui, à l'instar des collèges de Straelen et d'Arles, offre un lieu de travail et de rencontre à des...

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