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116 LA COMMISSION PEPIN-ROBARTS, QUELQUE VINGT ANS APRÈS ignora les représentations du gouvernement du Québec et celles des nations autochtones, comme s'il ne s'agissait que de « groupements » quelconques, pour utiliser le concept de Jocelyn Létourneau27 , au lieu de chercher à traduire leur complexeréalité. D'une situation où toutes les options étaient encore ouvertes avec le rapport Pepin-Robarts, en filiation avec le gouvernement de Pierre Trudeau, le présent gouvernement libéral à Ottawa, unique détenteur de la vérité et totalement insensible aux réalités régionales et nationales , s'est engagé dans un cul-de-sac politique et constitutionnel. Ainsi que le souligne judicieusement Norman Spector28 dans une lettre ouverte à Stéphane Dion, en faisant allusion à une déclaration récente de Peter Lougheed qui avançait que l'entêtement du gouvernement fédéral à reconduire l'entente du Programme national de l'énergie pourrait mener à la disparition du Canada, l'auteur avertit : M. Chrétien et ses alliés ont gravement entaché le processus de modification de notre Constitution. Maintenant, lui et vous ne voulez même plus essayer de répondre aux revendications de l'Ouest qui menacent l'unité du Canada. Les insultes et la rhétorique, M. le Ministre, ne sauraient remplacer l'action gouvernementale29 . Je me permets en terminant d'insister sur le péril que le parti ministériel à Ottawa fait courir au Canada en bloquant la voie à toute réforme constitutionnelle. Les réformes constitutionnelles sont maintenant rendues impossibles du fait que ce processus a été totalement discrédité par le parti ministériel à Ottawa. On le sait trop bien, ainsi que James Tully nous l'a rappelé, toutes les portes ont été cadenassées. Le refus du gouvernement de Jean Chrétien d'entretenir des projets de réforme constitutionnelle contribuera , me semble-t-il, à l'appauvrissement du politique et incitera les citoyens déçus à entreprendre leurs projets politiques dans d'autres arènes, tournant ainsi le dos au Canada, pays qu'ils ont pourtant contribué à ériger. À force d'ignorer, encore pire de nier l'aliénation des provinces de l'Ouest et l'existence de la nation québécoise, on finit par en faire des symboles d'identité et de mobilisation politique redoutables. L'expérience fédérale canadienne vaudra la peine d'être poursuivie LA CONDITION CANADIENNE ET LESMONTÉES DU NATIONALISME ... 117 pour autant que les États membres seront libres d'adhérer à la fédération, sans quoi elle aura perdu tout son sens. Notes 1 Peter ALTER, Nationalism, Londres, Edward Arnold, 1991, p. 135. 2 Alain-G. GAGNON et Daniel LATOUCHE, « Comment organiser le Canada : le point de vue des commissions royales et les partis politiques », dans Allaire, Bélanger, Campeau et les autres. Les Québécois s'interrogent sur leur avenir, Montréal, Québec Amérique, 1991, p. 21-90. 3 James P. BICKERTON, Alain-G. GAGNON et Patrick SMITH, Ties That Bind. Parties and Voters in Canada, Toronto, Oxford University Press, 1999, chapitre 6 : « The Bloc Québécois and its nationalist predecessors : thé tread of continuity in Québec politics », p. 164-192. 4 CANADA, COMMISSION DE L'UNITÉ CANADIENNE, Se retrouver. Observations et recommandations, Ottawa, Approvisionnements et Services Canada, vol. 1, 1979, p. 143. Dorénavant, les renvois au rapport de la Commission PepinRobarts seront indiqués par le numéro de page. 5 II est ironique de mentionner que l'avis émis en août 1998 sur le droit du Québec de faire sécession a permis de rétablir le lien de confiance entre les Québécois et la cour de dernière instance. 6 C'est ainsi d'ailleurs qu'Alain DUBUC explique l'aliénation de l'Ouest en déclarant : « On a en effet privé des citoyens canadiens d'un droit démocratique , celui d'être à droite et d'exprimer dans l'organisation de leur vie collective des valeurs qui n'étaient pas celles du gouvernement central » (deuxième conférence LaFontaine-Baldwin,Institut du Dominion, 9 mars 2001, propos reproduits dans LaPresse, 10 mars 2001, p.B-9). 7 Voir Roger GIBBINS, « Les paramètres institutionnels d'un partenariat Canada-Québec », dans Roger GIBBINS et Guy LAFOREST (dir.), Sortir de l'impasse. Les voies de la réconciliation, Montréal, Institut de recherche sur les politiques publiques, 1998, p. 318-319. 8 Jeremy WEBBER (Reimagining Canada. Language, Culture, Community...

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