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248 Constructions identitaireset pratiques sociales programme voit done le jour en 1974 avec une petite equipe de jeunes historiens , inconscients d'ailleurs de I'ampleur reelle de la tache qui leur etait confiee. Dans un premier temps, 1'equipe travaille a editer les debats que Marcel Hamelin avait reconstitues, soit la periode 1867-1878, ce qui est realise entre 1974 et 1977. Puis, enjambant la serie publiee au xixe siecle par les Desjardins, elle s'attaque a la session de 1893-1894 et aux suivantes. A ce moment, la justification du programme se resume essentiellement a offrir aux historiens une source nouvelle ou, du moins, devenue nouvellement accessible. Ce projet devient des lors une entreprise patrimoniale, au meme titre que les travaux d'Elizabeth Gibbs-Nish et de Peter B. Waite. En 1975, Christiane Demers, responsable du programme a 1'epoque, ecrit: II sera possible d'ici dix ans, de completer la collection des debats parlementaires du Quebec. Des lors,un instrumentde travail indispensablesera a la disposition des chercheurs afm de poursuivre et de renouveler a la fois 1'histoire legislative, parlementaire et politique du Quebec. Une telle source de renseignements aidera a mieux connaitre et comprendrenon seulementle parlementarisme et la vie politiquemais aussi la mentalite meme de diverses epoques : les preoccupation dominantes,la perception des realites complexes, les solutionsenvisagees , les comportementsindividuelset collectifs, les courants de pensee, etc.10 Au fil des ans, le travail gagne en organisation et en rigueur methodologique . En 1978, Jocelyn Saint-Pierre prend la direction du service qui releve toujours de la Bibliotheque. De nouveaux professionnels sejoignent a 1'equipe et les premiers volumes sortent des presses. Mais on constate que la realisation du programme mettra plus de temps que prevu. Jamais pourtant on n'envisagea une diminution des criteres de qualite methodologiques pour terminer le travail plus rapidement. II fut toujours convenu que le standard de qualite et la rigueur de la methode historiquedevaient primer sur la rapidite de la parution. Les sessions progressent neanmoins a bon rythme. L'arret du programme En 1985, la session de 1907 est prete pour la publication,les sessions suivantes sont a diverses etapes du travail et 1'equipe atteint deja la decennie 1920 pour le depouillement desjournaux. Le travail etait done en pleine realisation. Mais, cette annee-la, la conjoncture politique et economique remet brusquement en question 1'existence du programme. Avec 1'arrivee d'une nouvelle administration, au lendemain des elections generales du 2 decembre 1985, souffle sur 1'Assemblee nationale un vent de La reconstruction des debats parlementaires du Quebec 249 rationalisme pragmatique des depenses peu propice aux activites de recherche ou de nature culturelle. La reconstitution des debats devient la premiere victime de cette vision. Partout, le mot d'ordre est reduction budgetaire, mais c'est davantage 1'esprit du neo-liberalisme alors en plein epanouissement qui explique cette remise en question plutot qu'un reel manque de ressources. Huit employes sur neuf formant alors le service de Reconstitution des debats etaient permanents etjouissaient d'une securite d'emploi. A 1'echelle de 1'Etat, 1'arret du programme ne constituait done ni une economic ni une quelconque reduction significative de personnel. Mais, pouvait-on entendre, apres tout, quelle importance d'affecter ailleurs quelques historiens et les occuper a des taches plus essentielles et plus rentables que de reconstituer des vieilleries. Repondons a cela qu'une bibliomeque peut faire reculer 1'ignorance, mais plus rarement la betise, et que meme dans les coulisses du pouvoir on assiste parfois a des capitulations de 1'intelligence. Ainsi, le 30 Janvier 1986, sans analyse du programme et sans preavis, le Bureau de I'Assemblee nationale annon?ait 1'arret des activites de la reconstitution des debats. En toute logique, 1'histoire devait s'arreter la. Apres tout, de nombreux programmes gouvernementaux tombaient a cette epoque en raison des restrictions budgetaires et celui-la figurait simplement dans la longue liste des sacrifices a faire pretendument pour restaurer les finances publiques. Pourtant , au lieu de tomber dans le silence et 1'oubli, la reconstitution allait decouvrir , par sa fermeture, la revelation meme de sa justification sociale. D'abord, contrairement a ce que Ton esperait sans doute, la presse ne passa pas la nouvellesous silence. Le 11 fevrier 1986, lajournaliste Ghyslaine Rheault du Soleil consacre une chronique a 1'abolition de la reconstitution des debats :« On a juge au Bureau de I'Assemblee nationale, ecrit-elle, que cette oeuvre de recherche fondamentale n'etait pas une priorite". » Alors que 1...

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