Abstract

Abstract:

Cet essai propose une lecture de l'émergence et du développement des ventes de terres rurales en Afrique de l'Ouest francophone. Ces transactions n'émergent pas de façon endogène au sein des sociétés locales, mais sont structurées par le rapport entre cédants autochtones et preneurs allogènes. Elles restent souvent socialement enchâssées : le paiement ne clôt pas alors la relation, il l'instaure ou la perpétue. L'existence d'un flux financier ne permet pas dans ce cas de conclure à une vente ferme, définitive, incontestable, d'autant que, sauf exceptions, les transactions concernant les terres rurales se déroulent en déconnexion du cadre légal et restent informelles. Ces transferts fonciers posent la question de l'interprétation, par les parties, de l'objet de la transaction (la terre ou le droit d'exploitation ?) et de son caractère libératoire ou non – en d'autres termes, la vente est-elle « complète » ? La réponse est à apprécier empiriquement en un lieu et un temps donnés. La marchandisation de l'accès à la terre dans les contextes ouest-africains illustre des situations marquées par un pluralisme normatif et institutionnel.

Abstract:

This essay offers an interpretation of the emergence and development of rural land sales in French-speaking West Africa. These transactions do not emerge endogenously within local societies, but are structured by the relationship between autochthonous sellers and migrant (Ivorian or foreign) buyers. They often remain socially embedded: the payment thus does not end the relationship, but instead establishes or perpetuates it. In such a situation, it does not allow a firm, definitive, indisputable sale to be concluded, especially because – apart from very few exceptions – rural land transactions remain informal and outside the legal framework. These land transfers raise the issue of how the parties understand the purpose of the transaction (i.e., is the land being purchased, or merely the right to use it?), and whether or not it is an outright sale. The answer must be empirically assessed in a given place and time. The commodification of access to land in West Africa illustrates situations of normative and institutional pluralism.

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