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  • La fin de l'asile? Histoire de la déshospitalisation psychiatrique dans l'espace francophone au XXe siècle sous la dir. par Alexandre Klein, Hervé Guillemain et Marie-Claude Thifault
  • Guy Grenier
La fin de l'asile? Histoire de la déshospitalisation psychiatrique dans l'espace francophone au XXe siècle Alexandre Klein, Hervé Guillemain et Marie-Claude Thifault (dir.) Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2018, 235 p., 22,00 €

D'entrée de jeu, le titre de ce livre étonne et intrigue ; on pourrait même dire qu'il provoque. En effet, depuis les années 1960, partout en Occident, la majorité des personnes ayant des troubles mentaux sont traitées et hébergées dans la communauté. Pourtant, [End Page 214] au-delà des progrès thérapeutiques, des réformes et des changements de mentalité, l'hospitalisation psychiatrique est toujours nécessaire pour certains patients. Issu d'une réflexion amorcée dans le cadre d'un panel lors du congrès de la Société canadienne d'histoire de la médecine de 2015, ce livre a pour objectif de dresser un premier tableau de la déshospitalisation psychiatrique dans le monde francophone.

L'ouvrage se compose de quatre parties complémentaires. La première porte sur la remise en question de l'asile. Aude Fauvel et Wannes Dupont présentent la première expérience de traitement des troubles mentaux dans la communauté, celle de la colonie de Gheel en Belgique, où les « fous » étaient logés chez des familles, et ce, depuis le Moyen Âge. De son côté, Marie Derrien s'intéresse aux transformations du modèle asilaire au cours de la Première Guerre mondiale, notamment la prolifération des troubles mentaux chez les militaires de retour du front, situation qui mena à la mise en place de mesures – comme les sorties d'essai – visant à décongestionner les asiles, ou à éviter l'internement de ceux atteints de troubles mentaux plus légers grâce au développement de services psychiatriques dans les hôpitaux. La remise en question du modèle asilaire lors de la Seconde Guerre mondiale est ensuite étudiée dans le texte d'Isabelle von Bueltzingsloewen, qui se penche sur l'utilisation des thérapies de choc permettant de réduire les périodes d'internement dans les asiles.

La seconde partie de l'ouvrage présente certains acteurs dont la contribution au processus de déshospitalisation a été jusqu'ici négligée. Décrivant le rôle majeur de Charles A. Roberts dans la réforme des services psychiatriques québécois, Alexandre Klein démontre que le processus de déshospitalisation au Québec s'inscrit dans un processus pancanadien. Sandra Harrison et Marie-Claude Thifault soulignent pour leur part l'importance des infirmières psychiatriques dans la gestion de la déshospitalisation des patients. Hervé Guillemin décrit plutôt le point de vue des patients sur l'introduction des neuroleptiques retards en France dans les années 1970 et 1980 : s'il résulte de cette chimiothérapie une sortie de l'institution, celle-ci a cependant été perçue par certains patients chroniques comme une sorte d'abandon. Finalement, Maria Neagu s'attarde au processus de désinstitutionnalisation en analysant le rôle joué par la presse écrite du Québec et de l'Ontario, qui a promu une vision plus positive des « fous » et dénoncé les lacunes dans le traitement et la prise en charge des personnes ayant des troubles mentaux. [End Page 215]

La troisième partie est composée de quatre textes remettant en question le mythe de la désinstitutionnalisation. Analysant les réformes qui ont eu lieu entre 1947 et 1972 dans un département rural français, Emmanuel Delille conclut que ces dernières ont en fait conduit à une modernisation de l'institution psychiatrique. De même, selon Benoît Majerus, la désinstitutionnalisation en Belgique a mené au remplacement des grands hôpitaux psychiatriques par de plus petites structures, ce qui a entraîné une diminution très relative du nombre de lits consacrés aux traitements des troubles mentaux...

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