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  • Un historien dans la cité. Gaétan Gervais et l'Ontario français by François-Olivier Dorais
  • Jimmy Thibeault (bio)
François-Olivier Dorais , Un historien dans la cité. Gaétan Gervais et l'Ontario français, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, coll. Amérique française, 2016, 266 p.

Dans Un historien dans la cité, François-Olivier Dorais propose une lecture inspirée du parcours d'historien du regretté Gaétan Gervais (décédé en octobre 2018, deux ans après la parution de l'ouvrage de Dorais) et de son implication dans la construction d'un discours historiographique francoontarien. L'ouvrage, qui découle d'un mémoire de maîtrise réalisé à l'Université d'Ottawa sous la direction de Michel Bock, brosse non seulement un portrait intéressant de l'important historien qu'a été Gervais au moment où l'Ontario français se dotait d'une parole et d'une mémoire qui lui était propres, mais également du contexte socio-historique dans lequel cette parole a pris forme. Au fil des pages, l'auteur ne fait donc pas que commenter l'évolution de la pensée de Gervais, il tente également d'en saisir la portée dans le contexte de sa formation et de son évolution en tant qu'historien. Il faut dire que la carrière de Gervais, sa production scientifique — dès ses années d'études —, se déroule à un moment charnière pour les espaces francophones du Canada en général et pour l'Ontario français en particularité: la période [End Page 412] des années 1960 est marquée par la Révolution tranquille québécoise et par l'impression qu'ont donnée les États généraux de 1969 qu'on assistait à la fin du projet nationaliste canadien-français, qu'il s'était produit un éclatement irrémédiable du Canada français et que la société franco-ontarienne devait, à l'instar des autres sociétés francophones et acadiennes, se questionner sur son identité. Dès le début de la carrière de Gervais s'imposait donc la nécessité pour les intellectuels de s'engager dans une parole sociale afin de contrebalancer la perte de certains acquis symboliques, identitaires, que portait le projet d'une « nation canadienne-française », telle qu'elle se définissait chez Henri Bourassa par exemple. En ce sens, Dorais précise en introduction que « la présente étude propose d'envisager l'acteur non comme une figure passive et surdéterminée, mais comme un "producteur culturel" qui, par son discours, contribue à définir les principes générateurs d'une collectivité, à insuffler un sens à son expérience commune et, partant, à infléchir son histoire ». Qu'on soit d'accord ou non avec la perception qu'a présentée Gervais de l'histoire franco-ontarienne, il est clair que l'historien ne s'est pas contenté de faire le récit de la cité, il a vécu au cœur de la cité, participant ainsi à la définition de ses contours.

François-Olivier Dorais a ainsi construit son ouvrage de manière à bien faire sentir l'influence des événements qui se passaient au moment de la formation et de l'affirmation de Gaétan Gervais en tant qu'historien. Le premier chapitre aborde les années de formation de Gervais en soulignant justement les changements que connaissait la société francophone, notamment sur le plan de l'éducation, au cours des années 1950 et 1960. Cette période qui voit apparaître, dans les différentes régions francophones, un débat idéologique entre l'action catholique et l'action nationale amène déjà le jeune Gervais à réfléchir sur les voix d'affirmation de sa communauté minoritaire. Très rapidement, il s'intéresse à l'économie alors qu'il voit dans le développement économique des francophones, dans un certain pouvoir capitaliste, la possibilité d'affirmation et de rayonnement de la nation canadienne-française. C'est d'ailleurs cette nation qui sera au cœur...

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