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Reviewed by:
  • Du communisme et des communistes en Belgique. Approches critiques by José Gotovitch
  • Philippe Buton
José GOTOVITCH, Du communisme et des communistes en Belgique. Approches critiques, Bruxelles, Éditions Aden, 2012, 436 p.

Derrière une apparence modeste, voilà un livre majeur sur l'histoire du communisme international. L'apparence est modeste, puisqu'il s'agit d'un rassemblement de quelques-uns des travaux que José Gotovitch, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, a précédemment publiés dans des ouvrages ou des revues peu accessibles. L'intelligence de la sélection et, surtout, le fait que José Gotovitch n'a pas passé son activité de recherche à se répéter mais, à l'inverse, l'a consacrée à multiplier les approches sectorielles pour mieux éclairer son objet, transforment ce recueil en [End Page 219] un véritable livre de synthèse sur le communisme belge. Certes, quelques répétitions inévitables apparaissent, en particulier sur le tableau historiographique ou sur l'évolution de l'implantation du Parti communiste belge (PCB), mais c'est peu de chose au regard des nombreuses pistes complémentaires poursuivies par l'auteur. Ce livre devient ainsi la référence majeure pour celui qui s'intéresse au communisme belge.

Reconnaissons que ce seul aspect ne saurait multiplier les lecteurs car le communisme demeura toujours un phénomène extrêmement marginal en Belgique: à l'exception de la poussée conjoncturelle de la Libération, le parti belge ne fut qu'un petit groupe sans réelle influence autre que sectorielle. Mais l'ouvrage va bien au-delà d'une simple curiosité d'entomologiste. En particulier, parce que toutes ses pages éclairent de multiples façons la réalité transnationale du phénomène communiste. Un triangle, historique et historiographique, ordonne le livre, et donc le sujet: Bruxelles-Moscou-Paris. Loin de la négation des liens internationaux du communisme, baliverne qui a nourri des décennies d'historiographie communiste largement stérile, dès ses premiers travaux, José Gotovitch a démontré la puissance des liens entre le PCB et le parti père qu'était le parti soviétique. Le livre fourmille d'exemples savoureux. En 1928, le Comité central du Secours rouge international de Belgique, naturellement dirigé par le PCB mais alors sensible à l'attraction trotskyste, décide d'aider les prisonniers politiques en URSS. La section belge est immédiatement dissoute par Moscou. Six ans plus tard, la direction du PCB est entièrement épurée. Le motif: les dirigeants des Jeunesses communistes et du parti – ce sont les mêmes car, à l'image de ce qu'il se passe au même moment en France, le Komintern s'est appuyé sur les cadres néophytes des Jeunesses pour bolcheviser les partis communistes – ont conclu un accord avec les jeunesses socialistes… et les jeunesses trotskystes. Et, comme si ce crime de lèse-majesté ne suffisait pas, l'accord comprenait également le soutien aux réfugiés politiques, y compris Trotsky! Immédiatement, le troisième sommet du triangle intervient: Jacques Duclos publie dans L'Humanité un violent article dénonçant la « capitulation » devant la « canaillerie antisoviétique » des trotskystes. Par précautions, le parti belge sera désormais directement dirigé par un kominternien, le Hongrois Andor Berei, véritable secrétaire général du PCB – même s'il demeura continûment dans l'ombre – de 1935 à 1946. À nouveau, le parallélisme s'impose avec la France et la figure d'Eugen Fried, longtemps mentor de Maurice Thorez.

Mais le violent réquisitoire de J. Duclos témoigne d'un autre phénomène, le fait que le parti belge dispose d'un grand frère, le PCF, qui n'hésite pas à « conseiller » le modeste parti frère septentrional. Et ce jusqu'en 1954. L'auteur nous livre de belles pages sur cet extraordinaire événement que fut le congrès de Vilvorde en 1954 lorsque, au grand dam d'Étienne Fajon et des autres responsables internationaux, face aux difficultés du parti et aux mensonges de la direction du PCB, celle-ci est renversée, non pas cette fois-ci en raison...

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