Abstract

Abstract:

Cet article fait ressortir les traits majeurs du texte Chemin de fer, pièce de théâtre écrite par le Congolais Julian Mabiala Bissila, à savoir le traitement de la thématique de la guerre civile au Congo-Brazzaville par l'entremise d'une dramaturgie du corps-mémoire dans son rapport avec le geste artistique du metteur en scène et comédien haïtien Miracson Saint-Val dans le cadre du Festival Quatre Chemins en Haïti (2017). Ce spectacle qui, sur le modèle du palimpseste, donne à voir et à penser les tragédies quotidiennes traversant le réel haïtien, s'il constitue le cœur de l'étude, se trouve en perpétuelle tension avec le texte du dramaturge congolais Mabiala Bissila. L'article montre ainsi comment la problématique de l'inénarrable du traumatisme de la guerre, problématique centrale dans le texte de Bissila, trouve pleinement écho dans la mise en scène et le jeu de Saint-Val, qui fait appel aux ressources du rituel vodou et au mécanisme d'identification-métamorphose propre au phénomène de possession. À partir de ce spectacle contemporain, cette contribution présente ainsi un cadre théorique pour appréhender les enjeux anthropologiques, esthétiques et politiques des dramaturgies africaines et afro-diasporiques qu'elle qualifie, adaptant une formule de David Lescot, de "théâtre de l'état de guerre," dans le contexte du traumatisme colonial.

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