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BARILLÉ, ELISABETH. Heureux parmi les morts. Paris: Gallimard, 2009. ISBN 978-2-07012653 -8. Pp. 316. 20 a. Entrée dans le monde de la littérature en 1986 avec la publication de Corps de jeune fille, Elisabeth Barillé a écrit une demi-douzaine de romans centrés sur des thèmes tels que la perte mais aussi la conquête de soi et le déchirement du départ . La mort et la mode sont les sujets qu’elle aborde dans son dernier roman. Heureux parmi les morts est divisé en six parties qui s’articulent autour de la mort d’un personnage secondaire. Les trois jours précédant ce décès constituent les trois premières parties, suivies des funérailles, puis de la situation une semaine après et finalement trois mois plus tard. Nous découvrons les six personnages principaux dans les huit chapitres du premier jour et sommes plongés in medias res avec la première phrase du roman: “En vérité, les femmes sont les alliées des morts, dit-elle à l’homme allongé devant elle. Donner la vie vous rend capable de voir la vie à l’œuvre dans la mort” (13). Nous sommes dans les pensées de Domi, agent mortuaire, en passe de devenir thanatopractrice. A ses débuts, dans les ann ées 60, la thanatopraxie était une profession masculine et nous apprendrons plus tard comment Domi a dû se faire passer pour un homme pour y entrer. Son compagnon Yann rêve d’être père mais il s’interroge sur les facultés de Domi à donner la vie. Nous découvrons ensuite Basile, designer en vogue qui a débuté dans la mode comme maquilleur. Son assistant Etzo rêve de prendre sa place. Puis nous faisons la connaissance de Luc Fleury, fils de Jackie, la mourante. Luc, ami de jeunesse de Basile, était amoureux de Nelly, défunte sœur du couturier. Nous apprendrons ultérieurement que Nelly est décédée dans un accident de voiture qui a laissé Luc paraplégique, Basile étant le conducteur. Puis c’est au tour de la jeune Ligeia, gothique romantique, admiratrice d’Edgar Poe et de Rainer Maria Rilke. A la fin du premier jour, le lecteur s’interroge sur les liens unissant des personnages aussi disparates. Or, il n’existe aucun fil conducteur entre eux, mais plutôt des points communs. Domi et Basile évoluent dans un monde d’apparences et de faux-semblants et sont tous deux fascinés par la mort ainsi que Ligeia, et peut-être Luc, qui vit mal sa condition d’infirme. La qualité du roman tient de sa représentation du monde de la mode. Barillé, qui a été la biographe de parfumeurs comme Coty, Guerlain et Lanvin, le connaît bien et la lecture de son roman nous rappelle celle de magazines “glamour”. Tous les grands noms de la haute couture y figurent parmi lesquels Yves Saint Laurent (dont les funérailles sont décrites), ainsi que ceux de modèles comme “la divine, la sublime, la garce. Carla avait défilé pour Basile durant deux saisons, à la fin des eighties, quand elle rotîssait sa plastique à Phuket, aux frais de Mick Jagger” (201). Parallèlement à ces “people”, Barillé décrit des personnages secondaires ordinaires comme Julio, collègue de Yann, qui à la suite d’un accident est devenu visionnaire de la mort. Cet épisode troublant, assez longuement décrit dans les trente premières pages du roman, semble n’avoir comme raison d’être que celle de renforcer le rapport que certains êtres entretiennent avec la mort. Heureux parmi les morts est un roman qui se lit bien et qui se termine mieux qu’on ne l’aurait prédit. Domi et Yann vont peut-être devenir parents. Luc et Ligeia se sont trouvés, partenaires certes peu crédibles si l’on considère la différence de génération mais qui, en se tendant la main, se sont mutuellement redonné espoir. La seule ombre à ce tableau est le pauvre Basile qui a fini par succomber à sa parano ïa, laissant ainsi sa place à Etzo. University of...

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