In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

being both millennialist and nostalgic while revealing the failure of an edenic commune, as if l’errance is the only utopia. Le Clézio idealizes non-Western cultures , but he does not seem to see a future for them. Or, rather, he sees two opposite ones, both of which he endorses. In one future, the Third World peoples go away to smaller and smaller areas untouched by industrial society; in the other, they emigrate to Western countries, where they are accepted and valued but where they have to adapt, losing touch with their cultures. The Swedish Academy awarded Le Clézio the 2008 Nobel Prize for the poetic , sensual elements of his writing but also for its multicultural focus. As Thibault shows here, these two elements result in “la posture délicate, parfois dangereuse, souvent simplement inconfortable, qui est celle de l’écrivain” (227). His writing falls somewhere between a realistic representation of lesser-known cultures and an idealistic projection of Western stereotypes onto them. One wonders whether a privileged white Westerner can truly give voice to the dispossessed of the Third World. College of San Mateo (CA) Susan Petit LÊ, LINDA. Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. Paris: Christian Bourgeois, 2009. ISBN 978-2-267-02006-9. Pp. 138. 17 a. Acclamé par la critique française, ce recueil d’essais littéraires rejoint ce que Linda Lê appelle des “exercices d’admiration” qu’on retrouve dans Tu écriras sur le bonheur (1999), Marina Tsvétaïéva (2002) et Le Complexe de Caliban (2005). Mélangeant manifeste de la littérature et œuvre de création, Lê déploie ici un pan critique de son œuvre après avoir contribué à d’autres genres littéraires: Kriss (2004), une pièce de théâtre; Autres jeux avec le feu (2002), un recueil de nouvelles fantastiques; Personne (2003) et Conte de l’amour Bifrons (2005), romans où Lê se penche sur le dédoublement et la métamorphose entre le personnage et l’auteur. Au fond de l’inconnu continue l’hommage aux auteurs qui ont contribué à déterritorialiser la langue française pour en faire tout simplement une langue de la littérature. S’étant d’abord focalisée sur la figure monstrueuse de Caliban chez les auteurs qui ont enivré sa jeunesse, Lê nous offre maintenant sa lecture exigeante et “térébrante”, dirait-elle, tant elle creuse dans les œuvres des auteurs qui l’inspirent et tant elle crée des liens de parentés littéraires, créant ainsi un corpus qui ressemble à un rhizome souterrain. Si Caliban représente l’auteur qui a trahi sa langue pour inscrire dans son écriture le paradoxe liberté/solitude de l’être métèque, la figure que Lê cherche n’est pas identifiée de manière aussi singulière. Alors que l’insubordination de Caliban était de s’être armé du langage contre Prospero, qui le lui avait légué, les crimes des honorables suspects que sont les auteurs présentés dans ce volume sont différents: l’immoralisme, la folie, l’égoïsme. Bien que Lê ne cite plus Cioran, on sent toujours la même quête intense d’une écriture au souffle à la fois incendiaire et régénérateur. En effet, dans la plupart des conclusions de ce recueil, Lê fait appel au champ sémantique du feu, élément de purification, transformation et renaissance, comme si tous ces suicidaires, écorchés, déchaînés, apportaient, chacun à sa manière, un morceau du secret de l’écriture alchimique. Ces êtres en exil de leur société sans connaître l’immigration sont des “étranges étrangers” (133), “ces inquiétants inquiets” (137). Ils acceptent la douleur qui remplit leurs textes parce qu’elle leur permet de 824 FRENCH REVIEW 84.4 sentir leur corps, cette enveloppe qui unit leur moi fragmenté. Certains se démarquent en se dévouant à “élever la vétille au rang de grandeur” (17), en conférant au verbe le pouvoir d’ensemencer “le désert en y distillant une sève fertilisante” (23); l’un se “calfeutrant dans son ermitage, son laboratoire, où il affinait...

pdf

Share