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réalisation d’une œuvre monumentale: “Pour réduire ce feu, il faudrait le déluge” (123). C’est donc en Noé incertain mais convaincu d’aller vers sa délivrance que Florian se lance dans la réalisation de son ultime travail. Dès lors, la genèse de l’œuvre picturale prend le pas sur le récit. La toile se transforme pour devenir une surface où le regard des protagonistes se projette et se dépasse. Avant que l’image ne se fixe et s’immobilise sur une vision cohérente, elle s’anime violemment pour retracer les grands récits mythologiques de la délivrance de l’homme par la destruction. Du déluge d’aujourd’hui, deux hommes et une femme cherchent à sauver un système de valeurs. Ce Noé collectif et moderne à qui Dieu ne parle pas, ressemble en certains points à celui de Jean Giono pour qui, dans Noé (1947), la seule arche possible, c’est le cœur de l’homme, dépositaire du monde. Roman à la fois chatoyant et sec, économe de ses moyens et strié de gestes lumineux, Déluge étonne par sa densité. Il ne cède rien au diluvien ni au vau-l’eau. Il ressemble à son auteur, presque centenaire et aussi vieux qu’un personnage biblique, pour qui le temps compte et qui demeure toujours prêt, au niveau le plus élevé de l’espérance, à risquer d’interroger par la voie du roman contemporain les grandes questions que les hommes se posent depuis toujours. Alliance Française de Denver (CO) Jean-François Duclos BEIGBEDER, FRÉDÉRIC. Un Roman français. Paris: Grasset, 2009. ISBN 978-2-246-73411-6. Pp. 280. 18 a. Frédéric Beigbeder, le mauvais garçon—bien bourgeois—de la littérature française fait son mea culpa dans Un Roman français. Ou presque. Couronné du prix Renaudot de l’année, cet ouvrage autobiographique a séduit non seulement le public mais aussi beaucoup de critiques, sans doute en raison de la nature à la fois confessionnelle, introspective, tendre et parfois véhémente de son propos. Narré à la première personne, le texte se compose de pas moins de quarante-trois chapitres, chacun de deux à onze pages, tous titrés et numérotés. Encadrant ces chapitres sont un prologue et un épilogue, lesquels situent la voix narrative masculine dans un passé et un présent familiaux. Au cours du récit, le prénom et le patronyme de l’auteur reviennent sous la plume du narrateur pour nous encourager à établir une identification autobiographique sans problématisation, même si le livre porte bien la mention “roman”. A l’intérieur de ses nombreux chapitres, Un Roman français s’organise autour de quelques récits importants dont le principal—fait divers qui a fait scandale à l’époque dans les médias—s’avère le moteur et point cardinal pour les autres. Pendant une grande partie du roman le narrateur reviendra sur son arrestation pour consommation de drogue sur la voie publique à Paris, sur ses trente-six heures d’incarcération, les conditions déplorables de sa détention, et sur l’arbitraire des juges et policiers à traiter de son affaire. Alors que le narrateur ne le décrit pas exactement en ces termes, c’est la disgrâce de cette chute sociale et son isolement en prison qui l’inciteront à faire le bilan de sa vie jusque-là. Ainsi, ce livre restitue la composition mentale de notre narrateur-écrivain durant son temps d’incarcération, couchée sur papier par la suite. Notre quadragénaire quelque peu mondain fera un va-et-vient narratif entre sa séquestration “actuelle” et le récit de ses origines: de la rencontre de ses grands-parents et de ses parents, à sa vie d’enfant d’un couple bourgeois 846 FRENCH REVIEW 84.4 divorcé, à sa vie actuelle de père divorcé. Le tout dans une prose bien soignée, parsemée d’expressions populaires, de mots d’esprit et de références culturelles représentatives de son milieu et de son époque. En fin de compte, l’étroitesse...

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