In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

blanche se dévoile à eux, une ville en ruine, reflet amer d’un pays rongé par des maux insurmontables et traversé par des guerres meurtrières. Cette ville offre une vision effroyable, constamment terrifiée et terrifiante par le sang qui coule et les bombes qui explosent dans les rues. La réalité est morose, marquée par les ravages du temps, la répression, la misère qui pousse les jeunes, “las de leur enfer”, et déterminés à atteindre l’Eldorado de l’autre rive au risque de mourir en mer, à fuir en construisant “les radeaux de leurs échouages hideux” (44). À la tombée de la nuit, Sindbad arrive avec son compagnon chez sa grandm ère Lalla Fatima, qui, petit à petit, lui raconte “d’horribles légendes, contes atroces ” (77). Se précise alors son récit, plongé dans l’Algérie contemporaine, où il était prisonnier politique, accusé à tort d’avoir empoisonné Chafouin Ier , un potentat local. Confronté à ce président sournois qui terrorise son peuple, Sindbad quitte sa ville natale après avoir dilapidé une fortune héritée à la mort de son père, et se trouve devant des événements extraordinaires. Devenu une sorte de clandestin, un Harrag, il s’embarque “à bord d’une barque de pêcheur avec une vingtaine d’autres personnes à la conquête de l’Europe” (57). D’étranges odyss ées l’amènent à parcourir le monde, allant de la rive sud de la Méditerranée jusqu’en Syrie, en passant par l’Espagne, l’Italie, la France, la Libye, et même l’Irak. Chaque escale permet à cet exilé à perpétuité de vivre des aventures fantastiques , d’observer mœurs et coutumes locales, et de réaliser des peintures satiriques des milieux découverts et des villes visitées en confrontant leur présent aux mythes et aux légendes du passé. Il poursuit sa navigation au cœur d’une aventure humaine où il multiplie les rencontres dans une vie d’errance et de découvertes , tenant à mener jusqu’au bout son programme: “Vivre vite, partir loin, aimer le plus” (83). De femme en femme, il se lance dans une quête éperdue du bonheur et de l’amour absolu à travers des conquêtes sentimentales et des plaisirs charnels. Toujours aussi alerte que dans ses précédents romans, l’écrivain s’impose ici comme un solide conteur, à l’aise autant dans la veine humoristique que dans le registre mélodramatique. Il réalise un ouvrage complexe où se mêlent souvenirs, légendes, images poétiques, propos polémiques et une riche intertextualit é littéraire, historique et politique. Et chaque fois, c’est toute l’étendue du réel qui s’engouffre dans l’ouverture, la beauté de l’écriture. Une œuvre ouverte et exigeante qui laissera au lecteur toute la latitude qui lui convient. California State University, Long Beach Najib Redouane BEAUCHEMIN, JEAN-FRANÇOIS. Le temps qui m’est donné. Montréal: Québec Amérique, 2010. ISBN 978-2-7644-0761-5. Pp. 155. $17,95 Can. Although its title page calls this book a roman, and though it reads like a memoir, the author disclaims genre labels, saying he has just “écrit une histoire [...] pleine de gens qui existent ou qui ont existé” (11). Even to call the book a récit would be misleading because it is much more descriptive than narrative. It consists of a series of scenes involving the narrator’s four brothers and one sister, along with their parents. Despite a chronological development, nearly everything is recounted in the imperfect, as if the remembered events have been preserved primarily in visual form. The pictorial effect is heightened by the book’s complete lack of quoted speech. The atmosphere is dreamy and nostalgic, the characters 580 FRENCH REVIEW 85.3 simplified and idealized through a surprising lack of detail, as in this account of the six children: “Nous étions oublieux mais pas ingrats. Nous pouvions devenir furieux mais jamais injustes. [...] Nous jouions les durs, mais nous avions grand cœur” (33). The eccentric father, a man absorbed in taking apart various electrical appliances in order to improve them with...

pdf

Share