In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

1944) et les personnages associés à chaque photo. Sur une prise de vue de cette ville, alors sous la botte de la Gestapo et de la Milice, s’inscrit un message précurseur de l’intrigue: “C’est là que tout a commencé et que tout a fini” (33). Le long du parcours apparaissent Jean Moulin, Klaus Barbie, Pétain, Paul Touvier. Comme dans tout bon polar, la connivence avec le lecteur est engagée. Nous entrons dans un enchevêtrement d’impasses, de fausses pistes, de tensions; nous croisons de faux innocents et de vrais coupables; enfin la solution s’ébauche au sortir du labyrinthe. Les flashbacks soulignent les moments-clés au cœur d’une famille diminuée par les événements. La mère est une figure falote dans l’ombre du père. La sœur du narrateur, Estelle, garde une rancœur sourde contre ses parents qui lui ont attribué le nom d’une tante disparue pendant l’Occupation. Il y a les vacances dans des camps collectivistes d’Europe de l’Est, un voyage à Florence, et les longues promenades dans les traboules de Lyon. Le fils timoré a-t-il su écouter le père fantasque au cours de ces sorties qui semblaient davantage un retour sur les lieux du passé? À travers une enquête sur le terrain, le narrateur retrouve le vieux Stoglitz qui évoque la disparition d’une autre Estelle, sœur de Guy, la nuit du bombardement, et le suicide manqué du jeune garçon. Il y a aussi Werner, un ancien de la Wehrmacht. Leurs témoignages apportent une réponse à cette nuit tragique qui détruit l’enfant et construit des barricades autour de l’homme de Lyon. Peu à peu nous pénétrons dans les arcanes de “la diaspora familiale” (72). Dans l’ombre formidable du père se trouve aussi le passé collectif de Lyon qui a longtemps renié cette période peu glorieuse de son histoire. Les strates du passé s’amalgament en une poix où s’embourbent mémoire et fiction. L’écriture fouille le magma. Cependant le passé est irréversible et irrémissible. Le devoir de mémoire—présent et passé se regardant en chiens de faïence dans un miroir—n’est plus qu’une reconstruction lacunaire. L’Histoire, c’est La grande Jatte que nous ne pouvons juger qu’à distance. Bon nombre de textes, autofictions et cénotaphes ont récemment germé: Maria de Pierre Pelot, Des gens très bien d’Alexandre Jardin. Que fait-on d’un “passé qui ne passe pas”, s’interrogent Éric Conan et Henri Rousso dans un livre du même titre? Au-delà du malaise, L’homme de Lyon maintient l’adhésion du lecteur. On y entre l’air dégagé et on en sort le cœur battant. L’évocation des lieux et des personnages, les rebondissements félins et le style souple, en font un scénario de film idéal. University of Wisconsin, Oshkosh Yvette A. Young MAKINE, ANDREÏ. Le livre des brèves amours éternelles. Paris: Seuil, 2011. ISBN 978-2-02103365 -6. Pp. 195. 18,50 a. This novel is a fictional memoir in which the narrator looks back on his youth and the events that shaped it. Growing up in the 1960s, impoverished and half-nourished, in an orphanage in Russia where the principles of the MarxistLeninist doctrine are enforced by dogmatic teachers in an uncaring environment, the narrator describes the ways in which he eventually frees himself not only from Communist indoctrination but from all political ideologies. This freedom comes about through what might be termed epiphanic experiences whereby he gains new and often illuminating perspectives on his life and, above all, reaches a profound level of understanding and appreciation regarding the meaning of Reviews 993 love. Eight such experiences, each of which has a title, are described in the novel. In one episode, the narrator, lost amid the stands of a Communist rally staged for propagandistic purposes, comes across a young woman whose ethereal beauty and serene presence startle him. She is sitting alone, totally absorbed in grief over the death of her...

pdf

Share