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Smith effectively recontextualizes the beast of Gévaudan and convinces his readers that the monster was a product of its time. Texas A&M University-Kingsville Jacqueline Thomas Creative Works edited by Nathalie Degroult ANGOT, CHRISTINE. Les petits. Paris: Flammarion, 2011. ISBN 978-2-0812-5364-3. Pp. 188. 17 a. Avec ce roman centré autour d’une figure masculine, l’auteure, qui d’ordinaire se met en scène dans des épisodes intimes où fiction et vécu s’entremêlent, compose un ouvrage dont elle est en partie absente. C’est à la troisième personne que le récit décline les relations houleuses d’un couple formé par Billy, un musicien martiniquais, et une jeune française, Hélène. Du moins, jusqu’à ce que la vie et la voix de l’écrivaine ne s’immiscent explicitement dans le texte. Encore n’est-ce qu’au bout d’une centaine de pages et avec réserve, puisque le “je” décrit sa place dans l’histoire comme: “Illégitime, Inutile. Nulle” (122). Cet effacement partiel du “sujet Angot” et la succession d’infortunes qui s’abattent sur son personnage principal , confèrent au texte l’allure d’une machine infernale et à la narratrice, le rôle de témoin impuissant. Et ce, même si le lecteur comprend au fil des pages que le protagoniste, aux prises avec une ex-compagne campée en harpie, est son amant. Deux pages liminaires abruptes résument la liaison d’Hélène et de Billy et sa fin: “Aujourd’hui, il s’en fout d’Hélène, elle peut mourir même si elle veut” (8). Achevée avant même d’être commencée, c’est leur histoire que le texte, dans un style sec et rapide, entreprend de retracer depuis le début. Bien que linéaire dans l’ensemble, le récit est émaillé de prolepses qui viennent brouiller le processus inéluctable de leur séparation. Ces anticipations narratives concernent tout particuli èrement les enfants qu’ils ont. En effet, alors que leur union se désagrège, les fils qui les lient se multiplient au gré de leur progéniture: Mary, Clara, Jérémie, Diego, Maurice. Cinq “petits” qui donnent son titre à l’ouvrage. Le vocable, où perce l’affection que la narratrice éprouve à leur égard, exprime aussi la précarité de leur situation. Rejetons d’un couple à la dérive, ce sont ces êtres fragiles qui vont subir de plein fouet les dissensions parentales. Mais ces fils sont aussi les mailles d’un filet où se débat le père. Car Billy est l’autre victime de l’histoire. Enfermé malgré lui dans une “cellule” familiale, pris au piège d’une concubine malfaisante et calculatrice, il est étouffé par un système dont il ne sait pas jouer. De querelles en gardes à vue, d’audiences en évaluations psychologiques, il s’éloigne d’Hélène et se voit retirer ses enfants. Au premier abord, l’ouvrage comporte tous les éléments d’une crise conjugale classique: désaffection, infidélités, altercations, batailles juridiques. Cependant, l’apparente banalité des faits cache une réflexion plus profonde. Après Le marché des amants (Seuil, 2008), où Angot évoquait sa liaison avec Bruno (alias Doc Gynéco), c’est la seconde fois que l’écrivaine met en scène un métis et son exclusion . Mais Bruno, rejeté par un milieu intellectuel, subissait une exclusion de classe. Celle de Billy est plus radicale. Confronté à une femme dominatrice qui 974 FRENCH REVIEW 85.5 refuse la “loi du père, la loi du juge” (166), et à un cadre légal prompt à la seconder , il est entravé dans son rôle d’homme, privé de ses droits parentaux et atteint dans sa dimension d’être humain. Aussi l’histoire d’amour qu’il vit avec la narratrice n’est-elle que secondaire. C’est leur expérience commune de l’adversité qui les rapproche et qui semble constituer leur identité. “On est des Schwartz” (182), lui dit-il. Reprenant le matronyme qu’Angot, abandonnée par son père, portait dans sa jeunesse, Billy associe...

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