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que la rédemption du réel est l’écriture, car le partage avec le lecteur est “le détail qui permet de tenir” (66). Ce soin rejoint la conscience permanente de la littérature , au travers de références servant à valider le style et la méthode adoptés: Proust de manière récurrente, mais aussi Virginia Woolf, Franc-Nohain, et les grands “amers” (92): Léautaud, Renan, Cioran, Pessoa. L’auteur justifie ainsi son choix de “rester solaire” (15), de s’accrocher aux instants de bonheur en dépit et à cause de la souffrance. Il propose aussi une réflexion sociétale, plus par un sens du temps qui passe et une mesure du perdu, comme dans le Journal du dehors d’Ernaux, qu’à travers des commisérations maladroites sur les SDF, ou les Indiens d’Amérique. L’alternance du “je” et du “on” est cruciale: comme Ernaux, Delerm veut faire comprendre que “nous sommes embarqués, et beaucoup plus ensemble qu’on ne croit” (178). Saint Louis University (MO) Jean-Louis Pautrot DIAMOND, LYNN. Leslie Muller ou le principe d’incertitude. Montréal: Triptyque, 2011. ISBN 978-2-89031-706-2. Pp. 208. $20 Can. Dans ce roman divisé en cinq parties, Diamond aborde des sujets philosophiques et sociaux qu’elle relie à la révolution sandiniste au Nicaragua des années 80. Peuplé de nombreux personnages cosmopolites, le roman reflète ses sources québécoises, mais aussi des liens à la France, aux États-Unis et à l’Amérique centrale. Entraînée par son amour pour Josua, médecin américain et ancien combattant du Vietnam rempli d’une foi révolutionnaire, la narratrice Leslie Muller se trouve à ses côtés dans les jungles du Nicaragua et du Salvador. L’auteur trace l’évolution de la narratrice idéaliste et de son “groupe” pendant leurs voyages à l’étranger et leur implantation au Québec. Leur action humanitaire au Nicaragua débute en 1999 et domine presque la moitié du livre. On y découvre Leslie, Josua et leurs compagnons, Tammy, (écrivain et réalisatrice), sa sœur cadette Lili et Anna (anthropologue). Militants d’une brigade, ils se retrouvent avec d’autres internationalistes à Managua, attendus par “des représentants du gouvernement sandiniste” (21). Chargé de “créer des dispensaires dans certains villages du Salvador” (22), Josua y retrouve Leslie et les deux connaîtront la frayeur des bombardements et des corps déchiquetés. Josua et Leslie, qui se sont connus d’abord à Martha’s Vineyard, poursuivent leur relation à New York, Boston et Montréal, tout en révélant comment Leslie cherche à se définir, à répondre à la question, “Qui suis-je?” (37). Bien que Josua représente le courage et la justice, et pour Leslie, l’infidélité dans l’amour, ses expériences à lui l’ont transformé en socialiste luttant contre l’influence des États-Unis en Amérique centrale. Tandis que Josua “CROIT à ses semblables” (43), Leslie recherche sa raison d’être, “le sens de la vie” (11) et trouve que Tammy la ramène à son “incapacité d’affronter la vie” (30). Professionnellement , Leslie fait des rénovations d’appartements, veut devenir écrivain et se compare à Tammy qui a publié deux livres alors qu’elle “peine” (126) à en terminer un. Dans une discussion chez son amie Anna, Leslie s’exprime face aux incertitudes de la vie: “Les gens ont besoin de certitudes, d’idéologies, de boucs émissaires , besoin de se regrouper, parce que nous sommes fondamentalement seuls et que tout est incertain” (201). La vérité selon Leslie se retrouve dans “les mots” et les “phrases qui nous font vivre” et si “elles n’existent à jamais sur papier”, “le 1196 FRENCH REVIEW 85.6 halo de sens ne luit qu’entre les mots” (202). Cette pensée nous ramène au commentaire d’Harry, le petit ami de la fille d’Anna, qui estime que “le principe d’incertitude ” de Leslie devrait se dire, “principe d’indétermination” (197). Ce livre est parfois humoristique: l’engrais américain sorti des cabinets d’aisance pour engraisser les champs était “la seule bonne chose” (49) faite au Vietnam; parfois...

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