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tout sur le changement politique des régimes oppressifs que nous suivons tous actuellement. Ben Jelloun reprend le thème du feu dans L’étincelle, un recueil d’essais où il dépeint l’importance des révoltes récentes pour le peuple arabe. De ses propres expériences vécues dans divers pays arabes, de ses recherches et de son imagination vive, Ben Jelloun a créé une œuvre fascinante sur l’évolution de la politique des dictatures arabes. À travers des descriptions de Moubarak, de Ben Ali et des pays les plus touchés par la révolte, la Tunisie, l’Égypte, l’Algérie, le Yémen, le Maroc et la Libye, il estime que les révoltes “peuvent être qualifiées de ‘révolutions’ parce qu’elles sont d’abord et avant tout portées par des revendications d’ordre éthique et moral” (14). Moubarak est le sujet d’une satire dans une blague ou “noukta”. Quand Moubarak meurt et arrive en enfer, il est reçu par Nasser et el-Sadate: “Ils lui demandent: ‘Tué par balle ou empoisonnement?’ Moubarak répond, ‘Tué par Facebook!’” (76). Ben Ali, par contre, est inconscient quand il se félicite d’avoir mis les islamistes dehors, d’avoir fait venir des millions de touristes, et il se plaint de Mohamed Bouazizi qui “a foutu ma vie en l’air” (26). Dans une discussion de la révolte et la révolution, Ben Jelloun indique les différences entre la Révolution française qui a permis aux Français de “devenir des individus avec des droits et des devoirs” et le Maghreb et le Machrek où “l’individu n’est pas reconnu” (31). Ben Jelloun voit dans les révoltes une révolution d’un nouveau type, “spontanée et improvisée” (33). Il affirme que rien ne sera comme avant dans les pays arabes. Il avertit les pays européens que les jeunesses “abandonnées dans leurs banlieues” vont aussi “se soulever” (35). Il évoque “l’étincelle” de Mohamed Bouazizi qu’il compare à Ayoub, Job du Coran, et souligne qu’en Algérie il n’y a pas eu “moins de 25 immolations par le feu” (80). Quoique incertain de l’avenir de ses révolutions, Ben Jelloun affirme que l’homme humilié réclamera toujours sa liberté et sa dignité. Spence School (NY) Mary P. Schmid Combal BERGER, KARIMA. Rouge sang vierge. L’Hay-les-Roses: Al Manar, 2010. ISBN 978-2-913 896-88-8. Pp. 92. 18 a. Après quelques beaux romans et essais sur la biculturalité franco-algérienne et la spiritualité musulmane, Karima Berger se concentre dans ces onze nouvelles sur des portraits de l’Algérie de son enfance ou d’aujourd’hui. Ces textes forment une mosaïque en camaïeux de rouges, et la première histoire éponyme donne le ton: sang de la puberté, rouges de l’obsession de virginité, de la confusion entre volupté, abus sexuels et obscénité, de la violence et des interdits dans le vêtement et les contacts humains, ou du sentiment de culpabilité. Berger esquisse des individus enfermés dans des traditions caduques dont ils parviennent peu à s’échapper sinon par la révolte, le fondamentalisme ou le rejet de l’Autre, particulièrement si cet Autre est femme. Ces nouvelles sont poétiques, poignantes de vérité. “L’argent de son corps” est l’histoire d’une jeune femme venue de Blida (le “fin fond du pays”), tombée sous l’emprise d’un proxénète puis de son fils arrivé à son tour à la débauche. Peut-être est-ce le portrait d’une descendante de ces Ouled-Naïls, jeunes femmes dites danseuses-prostituées qui enflammaient l’imaginaire des orientalistes au dix-neuvième siècle? Dans “Châtiments” c’est un 212 FRENCH REVIEW 86.1 narrateur à la première personne qui parle du sort peu enviable des frères aînés. Mâles privilégiés mais pourtant eux-mêmes invisibles au regard des parents, ils sont uniquement chargés, par des pères pervers et des mères complices, de surveiller leurs sœurs...

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