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voir fuir et de souffrir encore mais aussi parce que la vie“on ne la refait pas, c’est juste l’ancienne sur laquelle on insiste” (44). Le passé est trop lourd de la mémoire d’Alexandre, l’héritier loyal, l’époux disparu de Louise et le frère jalousé de Franck. Alexandre, le fils cadet, cultivait la terre de ses parents lorsqu’il meurt d’un accident étrange, jamais élucidé. Frank refuse de reprendre la ferme et rompt brutalement avec sa famille. Pendant plus de dix ans, il parcourt le monde pour le filmer, cherchant l’oubli dans les images entre de brefs séjours à Paris où s’étiole sa relation amoureuse avec Helena. De son côté, Louise, veuve inconsolable, a eu un enfant d’un amant de passage qu’elle a nommé du nom de son amour perdu et que ses anciens beaux-parents élèvent à la ferme. Cette terre rude et isolée lui manque, mais elle ne peut plus y vivre. Depuis qu’elle “a perdu son homme” elle est “environnée de l’obscur parfum de la fatalité” (74). Elle végète dans l’anonymat d’une ville, bloquée, sans avenir, sans désir. Au cours de l’été, Louise décide de revoir son fils et Frank de renouer avec ses parents. La ferme abandonnée sera le lieu de leur rencontre. Heureusement le petit Alexandre, enfant de cinq ans turbulent et espiègle, apporte de la vivacité dans cette atmosphère triste, lourde de sous-entendus et de rancœurs longtemps nourries. Rien n’a changé dans la maison; tout rappelle la présence du fils tant regretté, car pour ses parents avec “la perte d’Alexandre, c’est l’illusion de la pérennité qui s’effondrait” (41). C’est pourquoi sa disparition accentue davantage encore le reniement du fils aîné. Le roman débute très lentement, laborieusement pourrait-on dire, par la présentation en alternance de Louise et de Franck aux parcours de vie divergents, mais qui sont similaires dans leur solitude et leur indifférence quant à leur devenir. Tous deux vivent une douleur intime qu’ils tiennent à distance pour ne pas l’attiser. Tous deux ont des gestes mesurés et sont avares de paroles. Il ne se passe donc pas grand-chose dans ce roman où les drames et ruptures sont du passé et les projets d’avenir impossibles. Pourtant une intrigue se développe qui retient le lecteur. La présence de l’enfant entre Louise et Franck change les données de leur enlisement existentiel. Le petit Alexandre rend l’avenir possible et fait entrevoir à Frank la possibilité de se ré-ancrer dans sa terre délaissée. C’est finalement le silence entre ces deux êtres fragiles qui permet à la tendresse d’affleurer pour se transformer lentement en amour véritable: “Ne pas arriver à se dire les choses, c’est peut-être la forme la plus édulcorée de la sincérité” (221). Joncour nous offre un texte pudique à savourer lentement pour en apprécier la justesse de ton et la profondeur des émotions. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Laroui, Fouad. L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine. Paris: Julliard, 2012. ISBN 978-2-260-01671-7. Pp. 167. 17,50 a. “L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine” est l’une des neuf nouvelles que compte ce livre. Elle se veut scène inaugurale d’un double point de vue: celui du texte 276 FRENCH REVIEW 87.2 Reviews 277 littéraire dans ce que la sémiotique appellerait ensemble pluristructuré et,corrélativement, celui des valeurs civilisationnelles différentiées s’affrontant aux limites, véritable ligne de démarcation, de l’Orient et de l’Occident. Cette nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage procède en effet par une mise en garde d’ordre stylistique. La scène d’exposition indique gentiment la porte à tous ceux qui ne sauraient pas qu’un récit s’ouvre sur “un incipit” (7), se poursuivant tout au long de l’ouvrage par un docte didactisme linguistique chevillé aux prétoires universitaires pour finir sur l...

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