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unique néolibérale” (205) et qui s’imaginent “que l’anglais seul est pourvoyeur de succès commerciaux, de richesse et d’emplois” (99). Il déplore également “la complaisance proaméricaine des autorités françaises actuelles, en contraste avec la politique d’affirmation identitaire de De Gaulle” (202), et “la vassalisation” (104) des universités et des grandes écoles françaises “à l’empire économique américain” (104) où le nombre de formations dispensées en anglais est en hausse continuelle: 419 en 2002; 496 en 2007 (99–100). Un des aspects les plus inquiétants est la tendance à exiger l’anglais dans les domaines scientifiques—source d’inégalité qui désavantage les chercheurs non–anglophones, et cause quelquefois l’appropriation de leurs idées mal exprimées en anglais par des collègues anglophones peu scrupuleux. Parallèlement à la domination de l’anglais dans les institutions européennes et internationales, le linguiste note que la France coupe dans les budgets destinés à la promotion de sa langue et sa culture de par le monde, alors que des instituts tels que Goethe, Cervantes et Confucius intensifient leurs activités à l’international. En plus des innombrables renseignements et détails culturels, économiques, politiques, historiques, et scientifiques que découvriront les lecteurs dans ce volume, ils apprécieront les connaissances encyclopédiques de Hagège sur toutes les langues, des plus connues aux plus obscures, et les rapports qu’il établit entre elles. Si l’enthousiasme que ressentiront un grand nombre de lecteurs les incitera à joindre le parti-pris de l’auteur en faveur de la liberté et la diversité des langues et des cultures, d’autres seront peut-être plus hésitants à entendre l’appel contre “une stérile homogénéité de pensée” (236). Auburn University (AL) Samia I. Spencer MAUGEY, AXEL. Privilège et rayonnement du français du XVIIIe siècle à aujourd’hui. Paris: Champion, 2012. ISBN 978-2-7453-2284-5. Pp. 275. 27 a. Les francophiles ne manqueront pas d’apprécier cet ouvrage qui est un véritable hymne à la langue de Voltaire. L’auteur entend livrer bataille à l’hégémonie de l’anglo-américain qui règne en maître dans l’univers des affaires. Il explique les raisons qui ont conduit au recul du français qui, d’après lui, connaîtrait aujourd’hui un renouveau malgré le défaitisme affiché des “déclinistes”. Le corps du livre s’articule autour de quatre parties, chacune divisée en chapitres. La première est consacrée aux atouts du français que l’auteur qualifie de “privilège” en vertu de sa riche réalité culturelle et de sa rigueur intellectuelle qui en font le symbole de la civilisation, de la liberté et de l’art de la diplomatie. Ce sont là des spécificités qui datent du siècle des Lumières lorsque l’Europe “avait les yeux fixés sur Paris et sur Versailles” (18) et que le français cherchait à “civiliser l’ensemble du monde chrétien afin de le transformer en Europe française” (20). Au français, qu’il consid ère comme une langue claire et complexe, l’auteur compare l’imprécision de l’anglais global ou “globish”. Il déplore à juste titre la lutte qui oppose en France les élites culturelles nationalistes aux élites économiques “souvent hypnotisées par l’Amérique” (47). Il s’attarde sur la place du français aux États-Unis, citant l’ACTFL et la MLA, sans toutefois mentionner l’AATF qui est pourtant la plus grande association de professeurs de français au monde, connue outre-Atlantique pour son dynamisme et son militantisme en matière de promotion. La deuxième partie 806 FRENCH REVIEW 86.4 traite de l’Italie francophile où l’attrait pour la francophonie et sa littérature est bien présent. Dans la troisième partie, c’est le Québec qui est à l’honneur car cette province, noyée dans un continent anglophone, a réussi à imposer sa langue au prix d’efforts acharnés alors que les Français se caractérisent par leur attentisme. La...

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