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Le village aurait voulu les supprimer, mais elles doivent leur vie à une vieille tante qui les recueille et qui les élève. Le lecteur suit alors leur vie, leurs évolutions de bébés en jeunes filles, leurs relations quotidiennes entre elles, les problèmes avec la société qui se moque ou qui craint ces “monstres”, la rencontre de personnes qui les aiment, qui les soignent ou qui abusent de leur naïveté. Il découvre leurs pensées et leurs sentiments face à des événements divers. Comme il leur est difficile d’accepter leur situation, elles vivent cachées le plus longtemps possible, mais bientôt Hawa sent la nécessité de sortir et elle dissimule le corps inachevé de Tombou sous son boubou. Elles vont au marché, à l’école, elles grandissent tant bien que mal, souvent accompagnées de quolibets. À travers leurs tribulations, elles se demandent quelle place tenir dans une société peu accueillante et comment vivre dans de telles circonstances. Devenues adolescentes , la belle et bonne Hawa est courtisée par un jeune homme alors que l’intelligente et travailleuse Tombou est crainte pour sa méchanceté. Comme on s’y attendait, celle-ci jalouse celle-là et lui joue plus d’un mauvais tour jusqu’au moment où elle décide que sa sœur doit avoir un enfant. L’attente de cette naissance comble sa vie jusque-là si vide. Évidemment, son rêve est étrange pour les autres qui n’acceptent pas que ce corps difforme ait l’audace de vouloir vivre comme tout un chacun, qu’il ait des désirs, des ambitions et, surtout, qu’il puisse aimer. Se référant au folklore africain qui voit dans les jumeaux l’incarnation du Bien et du Mal, Fofana fait de nombreuses réflexions sur leur coexistence dans la société, mais aussi dans l’homme. On comprend vite que les deux sœurs représentent les côtés positifs et négatifs de l’être et que leur enfant incarne la transcendance de ces deux caractères inhérents à la nature humaine. Si le sujet prête au sérieux, l’écrivain n’oublie pas d’agrémenter son récit d’une dose d’humour, comme lorsqu’un fonctionnaire ne sait comment écrire le certificat de naissance: s’agit-il d’une ou de deux personnes et quelle tête porte quel nom? En fin de compte, la vie de ces deux personnages donne l’occasion de méditer sur la manière dont la société traite les personnes qui sont différentes et sur les difficultés de vivre normalement quand le corps ne répond pas aux aspirations de l’âme. Kansas State University Claire L. Dehon FOURNEL, PAUL. La liseuse. Paris: P.O.L., 2012. ISBN 978-2-8180-1417-2. Pp. 217. 16 a. Il s’agit d’un objet, et non pas d’une personne, un objet électronique destiné, paraît-il, à remplacer le désuet objet papier qu’est le livre. Robert Dubois, vieil éditeur parisien qui a l’habitude d’annoter à la main les manuscrits que lui envoient ses auteurs, se voit imposer l’usage d’une tablette électronique, cette liseuse dernier cri censée lui faciliter sa tâche de stakhanoviste de la lecture (esp érons au passage que le terme “liseuse” s’imposera en français en lieu et place de “e-reader”). Pesant exactement 730 grammes, elle remplace tous les lourds dossiers que Dubois a l’habitude de transporter de son bureau à son logement. À la fois intrigué et dérangé dans ses habitudes, l’éditeur prend son temps pour évaluer le nouvel objet: gadget, jouet ou véritable instrument de travail? Au premier abord, sa liseuse électronique ne lui offre pas la rassurante relation tactile au texte que lui procurait le papier: “Elle est froide, elle ne fait pas de bruit, elle ne se Reviews 997 froisse pas, elle ne macule pas. Rien ne laisse à penser qu’elle a tous les livres dans le ventre” (14). Bien que Dubois ne le sache pas encore, la mutation technologique du contenant textuel va parachever le processus de sa mise...

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