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Reviews 215 OuldAbderrahmane, Mazouz. Le café Maure. Montréal: Triptyque, 2013. ISBN 978-2-89031-823-6. Pp. 176. $25 Can. C’est à travers le regard du jeune apprenti Fekkir, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte, que le lecteur découvre une période de l’histoire algérienne au cœur des années cinquante du siècle dernier, juste avant la guerre d’indépendance. Orphelin élevé par Lalla H’lima, une bienfaitrice, Fekkir, à peine huit ans, travaille pour l’oncle Hadda, le marchand de légumes, pour ensuite être engagé par Aâfif le cafetier, dans le“caoua du square [qui] était l’un des quatre situés dans la Souika, et [qui] se nommaient tous ‘Café Maure’” (12). Situé sur la place haute de Tijditt, ce lieu de rassemblement est plein tous les jours d’une population locale représentant toutes les classes sociales et toutes les tendances politiques qui luttent contre la présence constante d’un “chergui sans pitié, plein de son sable, [qui] tourbillonnait en sifflant dans une brume ocre, telle une maladie fiévreuse qui aurait envahi le ciel et la terre” (9). Fekkir est témoin des discussions animées qui prennent place dans le café, d’ordre politique, social, économique, religieux, philosophique, syndical, nationaliste et révolutionnaire. Les hommes meurtris et en colère dénonçent l’abus du pouvoir et parlent de “l’indépendance , de la liberté, de la révolution, des insultes contre la France, de toutes les affaires des Roomis et de tout leur merdier pour empêcher le monde de vivre!” (31). Dans les heures sombres du colonialisme, Fekkir fait la connaissance à la plage d’Annie, la fille du procureur et découvre l’amour. Mais, très rapidement El’Khedime, “un homme de Dieu” (56) le décourage, car, en le voyant avec la ‘Roomya’, il a la trouille, le traite de‘madjoun’et lui ordonne de s’éloigner d’elle. Il demande que l’étrangère soit ramenée tout de suite dans sa famille, ajoutant que si elle n’arrivait pas chez elle saine et sauve, ils ne verraient“jamais plus la lumière du soleil”(75). Les deux mondes sont séparés et la population autochtone affronte l’hostilité des ‘Roomis’, cantonnés dans leurs propres quartiers, hautement surveillés et protégés. Même lors d’une partie de foot, les deux communautés se livrent à des attaques virulentes qui indiquent l’ampleur de la tension qui règne entre eux. Toutefois, les habitués du Café Maure, qui couronnent Fekkir “roi des pauvres” (152), collaborent activement à faire de son mariage avec Djamila une “fête populaire qui débordait de nourriture, de chants, et surtout d’invités” (145). Cette occasion témoigne des sentiments de solidarité et de fraternité qui se précisent dans le déroulement des événements conduisant à un réveil national et à l’affirmation d’une commune volonté de lutte pour chasser les colons et rendre sa liberté à l’Algérie. S’il n’a écrit qu’un seul roman, OuldAbderrahmane, qui s’est éteint à Montréal en novembre 2012, emporté par la maladie d’Alzheimer, a été acteur de théâtre, scénariste, monteur et réalisateur prolifique d’origine algérienne ayant émigré à Montréal en 1974. Il se distingue comme un conteur extraordinaire, doté d’une imagination inépuisable et d’une précision aussi bien dans les descriptions que dans les dialogues, qui sont conjugués à une narration fluide menée par une écriture soignée. California State University, Long Beach Najib Redouane ...

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