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laissant chacun foudroyé, inconsolable, avec le sentiment d’être de trop, coupable, noyé dans un “océan de douleur” (74). La mère éperdue se tourne vers la prière, entreprend d’interminables lessives et transforme la salle de séjour en chapelle ardente. Le père angoissé s’enferme dans le silence et la routine du travail. Il ne va plus voir les avions à Orly: son ciel est vide. Le frère cadet semble s’effacer, emporté dans le tsunami familial. La sœur aînée, étudiante de nature dépressive, se donne pour mission de consoler son père, peut-être afin de ne plus se sentir invisible et inutile. Ceux qui souffrent de vivre encore sont désorientés comme des“papillons affolés se cognant au chagrin” (106). Dans ce roman autobiographique à la croisée des genres, le je narratif s’impose, indissociable de l’auteur et de son double. Le texte aux chapitres courts est divisé en trois volets: “Pietà”, “Vivre” et “Le chant de mon père”. Le style est pur, classique, avec la sobriété calculée d’Annie Ernaux et l’art d’“écrire la vie” en cernant les petites choses. L’épigraphe empruntée à Éluard (“La nuit n’est jamais complète”) en dit long sur la profondeur de la souffrance, la durée du chagrin et la nécessité de survivre. Le ton est pudique. Il s’agit de distiller l’horreur, de dégager le pathos et de décanter l’essentiel pour glisser dans l’universel. Le temps fait son œuvre: lorsque les larmes se tarissent, les mots émergent. Dégagée de ses oripeaux de Parque, la trame entre les vivants et le mort se retisse.Le Requiem athée de Michel Onfray offre une liturgie de la mort pour la dépasser; Montaigne nous prescrit de l’apprivoiser. Consolation rejette vigoureusement l’expression banale “faire son deuil”. Le chagrin submerge, taraude,puis les années lui confèrent une patine proustienne.Entreprendre le“tombeau” de Frédéric devient raison d’être et mémoire retrouvée en contrepied du chagrin.Après une longue gestation vient la délivrance: “Cette nuit j’ai rêvé que mon père dansait” (109). C’est le déclic qui lâche la bonde. Le temps est aboli, la mort est transcendée, la vie revient en ricochets. Sur le piano de nouvelles photos s’agrègent à celles du disparu et de nouvelles vies se greffent à la souche familiale. Le chemin de la consolation est ardu et pluriel; néanmoins, ce modeste chant orphique nous susurre qu’en vérité “la nuit n’est jamais complète”. Écrit-on pour avoir moins mal ou parce qu’on a vaincu le Mal absolu? University of Wisconsin, Oshkosh Yvette A. Young Azzeddine, Saphia. Combien veux-tu m’épouser? Paris: Grasset, 2013. ISBN 978-2246 -80437-6. Pp. 332. 17,90 a. In her fifth novel, Azzeddine proposes a social satire of the ultra-rich. It opens on the wedding day of twenty-eight-year-old Tatiana, who tells the story of how she and her soon-to-be-husband met. Shortly before, while in Italy, she found (and reserved) the perfect setting for the dream wedding she had been planning since childhood. Now all she needed was her dream groom, which she intended to find while vacationing on a private island in the Seychelles. And sure enough, almost immediately, 254 FRENCH REVIEW 88.2 Reviews 255 Tatiana’s groom not only appears, he literally pounces on her, having mistaken her rainbow-colored bikini for a tropical fish while snorkeling. While he apologizes profusely, she marvels at his stunning beauty and takes note of his“bonnes manières,” which are further confirmed by the dinner invitation he has delivered to her room in a“bouquet très original fait de plein de bikinis en boule”(17). She then learns that his name is Philip, an only child who works “dans la pierre” (19). Tatiana does not press for further details, and Philip does not offer any, well aware she will attribute his vagueness to the discretion of the ultra-wealthy...

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