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Reviews 217 Chollet, Roland, et Stéphane Vachon. À l’écoute du jeune Balzac: l’écho des premières œuvres publiées (1822–1829). Saint-Denis: PU de Vincennes, 2012. ISBN 978-2-84292-272-6. Pp. 687. 40 a. Ce livre nous invite à reconsidérer les romans publiés par Lord R’hoone, alias Horace de Saint-Aubin, alias Balzac dans les années 1820, œuvres récemment rééditées par André Lorant. Dans la première partie de l’ouvrage, qui situe bien le jeune écrivain dans le panorama littéraire de l’époque, Chollet et Vachon soutiennent que ces œuvres de jeunesse méritent d’être étudiées indépendamment et non comme l’embryon de la Comédie Humaine. Ils évoquent à l’appui “la rupture salvatrice” (193) qui, en 1824– 1825 fait renoncer Honoré au roman pour cinq ans et attribuent à l’édition des Œuvres complètes de Horace de Saint-Aubin qui paraît chez Souverain de 1836 à 1840 l’origine du malentendu qui a poussé les Balzaciens à traiter Saint-Aubin et Balzac comme“un seul et même auteur”(234). Convaincus de la valeur intrinsèque de ces“bâtards perdus de réputation” (217), ils démontrent aussi, à partir d’un dossier qui forme la majeure partie de la seconde moitié de l’ouvrage, que les huit romans de R’hoone/Saint-Aubin, furent loin d’être boudés du public lors de leur parution. Si l’on ne peut qu’admirer l’érudition de ces deux Balzaciens, on ne saurait cependant se défendre d’un certain agacement face à leur parti pris pour Saint-Aubin. Soucieux de réfuter l’idée que SaintAubin ait pu vendre sa plume et se soit “comporté comme l’ignoble Vernou” (173) d’Illusions perdues dans ses pamphlets anonymes de 1824, Du droit d’aînesse et Histoire impartiale des Jésuites, ils affirment que Balzac se sentait “de réelles affinités [...] avec l’opposition de droite incarnée par Martainville et son journal, Le Drapeau blanc” (175). Ils le présentent au-dessus de la mêlée politique (183) et caractérisent son abandon du roman comme un choix, plutôt que comme la conséquence logique de prises de position contraires à celles des milieux libéraux de la presse et de l’édition. Ce parti-pris se retrouve aussi dans leur jugement un peu rapide sur Victor Ducange. À l’aune du succès, de celui que Saint-Aubin ambitionnait alors, parler de l’infériorité de Ducange par rapport à Saint-Aubin (97) ou des“tentatives”,voire de“l’échec”(591) du premier“pour exploiter une double carrière de romancier et d’auteur de mélodrames” c’est oublier que Ducange publia douze romans entre 1820 et 1835, souvent chez les mêmes éditeurs que Saint-Aubin et Balzac (Gosselin en 1835), et domina la scène théâtrale de son époque (quarante-six pièces entre 1816 et 1833). Toute réévaluation critique de l’œuvre de Saint-Aubin devra donc tenir compte de sa dette envers le mélodrame—l’histoire du mari à deux femmes de Wann Chlore (1825) n’est pas sans rappeler La femme à deux maris de Pixérecourt (1802)—et envers l’esthétique du roman féminin si bien analysée par Margaret Cohen dans The Sentimental Education of the Novel. Ceci dit, À l’écoute du jeune Balzac réunit une somme de documents précieux pour cette relecture critique des œuvres de Saint-Aubin que les auteurs appellent de leurs vœux. University of Arizona Marie-Pierre Le Hir ...

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