In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Bied-Carreton, Solange. Nous sommes jeunes et fiers. Paris: Stock, 2014. ISBN 9782 -234-07489-7. Pp. 240. 18 a. Le deuxième opus de Bied-Carreton narre les aventures d’Ivan et Noémie,un couple de Parisiens ayant tout pour réussir et qui, pourtant, se trouve en quête perpétuelle du bonheur absolu et d’un monde parfait. La France n’est plus celle d’autrefois et les repères manquent à sa société fragmentée. Cette quête devient une obsession et finit par placer Ivan et Noémie en marge, isolés et forcés de s’évader dans le seul pays au monde, l’île de Penarakett, où le bonheur est garanti. C’est tout au moins ce qu’on leur fait croire. Car ce pays qui n’existe que dans l’imaginaire rappelle Le meilleur des mondes (1932) d’Aldous Huxley où la population est divisée en catégories et d’où toute tentative d’évasion se solde par la mort.La narratrice touche à tous les thèmes d’actualité et trace un portrait de la société contemporaine en crise: la perte d’identité et d’authenticit é, l’individualisme,le matérialisme,l’automatisme—métro-boulot-dodo—et la crainte d’un futur incertain. Les observations sont excellentes et les conclusions tranchantes. Les deux personnages principaux symbolisent les fléaux les plus fragrants de la société: Ivan, la fausse perfection et le matérialisme (il est acteur pour des spots publicitaires) et Noémie, le fracas de l’Éducation nationale (elle est enseignante dans un collège). À travers eux, la narratrice soulève des questions existentielles et philosophiques:“Étionsnous dans l’erreur à vouloir toujours plus de confort et de communication? [...] Pourquoi haïr l’avenir?” (129). Parfois, le ton vire à l’ironie et à la moquerie, surtout quand il s’agit de questionner le sens de la vie: “Le monde était ce qu’il était depuis si longtemps.Les hommes et les femmes étaient des animaux prévisibles.Il était émouvant qu’ils s’émussent encore” (86). Le discours narratif est dense, riche en contenu et en analogies. L’érudition de la narratrice est évidente, surtout lorsqu’elle s’attarde sur l’histoire de France,citant ses grandeurs et ses vestiges.Malheureusement,par moments, le récit manque d’intérêt, surtout quand il se concentre trop longtemps sur un sujet. De même,le fil de la narration devient farfelu par l’invraisemblance des faits,particulièrement en ce qui concerne l’évolution des personnages. Ivan et Noémie sont loin d’être “jeunes et fiers”. Ils appartiennent à une génération désabusée par le progrès et la globalisation, et désenchantée par le manque de solidarité et d’opportunités. Dans ce sens, l’écrivaine a parfaitement capté le“mal de vivre”qui caractérise la jeunesse et qui se manifeste par une angoisse existentielle. La fin du récit n’apporte aucun soulagement et n’offre aucune solution.Au contraire, si les personnages principaux croyaient à l’existence d’un monde meilleur (l’île de Penarakett), en y séjournant pendant une semaine, et en subissant la dictature et le contrôle de ses dirigeants, ils perdent tout espoir et périssent avec leur jeunesse et leur fierté. California State University, San Marcos Véronique Anover 244 FRENCH REVIEW 88.3 ...

pdf

Share