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Pot, apporte une nouvelle technique qui frappe les esprits. Le procédé est à la fois simple et sophistiqué: des figurines d’argile évoquent la famille du réalisateur et le peuple cambodgien, dont vingt pour cent a été assassiné par son dictateur dans les années 1970. L’utilisation d’une technique enfantine—le modelage—et d’un matériau rudimentaire—l’argile—pour évoquer la peur et la mort ouvre des perspectives inexplorées pour évoquer la mémoire traumatique. Musique, conversations, rires et autres bruits de l’activité humaine, cadrages et lumière incontestablement cinématographiques insufflent la vie aux délicats fétiches créés de toutes pièces pour les besoins du film mais dont la référence (le père, les travailleurs des rizières et même Pol Pot) semble fixée dans la mémoire du réalisateur. La juxtaposition entre les scènes peuplées de miniatures, en couleur, et les images d’archives en noir et blanc des camps de travail imaginés par Pol Pot est poignante. D’un côté, la vie quotidienne ou tragique du“peuple de sable”,d’un réalisme étonnant,suggère la fragilité de l’existence humaine. D’un autre côté, les archives filmées, dont celles bien connues de la propagande Khmer Rouge, rappellent la violence de l’utopie du Kampuchéa démocratique, de l’Anghar (le Parti tout puissant). La part de l’imaginaire de la mémoire est ainsi faite d’images prises sur place, que celles-ci soient le résultat de la mise en scène propagandiste (les petits électriciens de Pol Pot) ou prises sur le vif par des caméras anonymes. La question de l’image, présente dans le titre, constitue le noyau central du film; comme le dit Panh,“on ne filme pas impunément”. L’image manquante, le Graal tragique du réalisateur, c’est celle des exécutions qu’il sait avoir été filmées par les Khmers Rouges mais que, “s’[il] la trouvait, il ne pourrait pas montrer”. Si le film retrace bien un chapitre de l’histoire tragique des guerres du vingtième siècle, sa plus grande valeur réside dans le questionnement qu’il fait de la représentation du non-dit. Le fond et la forme ont rarement été moins indissociables. Il n’est donc pas surprenant que L’image manquante ait reçu le prix un certain regard du festival de Cannes en 2013 (le regard du cinéaste est particulièrement aiguisé), ainsi que de nombreux prix et nominations en France et aux États-Unis. Mais surtout, les artistes créateurs des figurines et des décors, dont le travail donne au film sa véritable spécificité dans le monde du cinéma de mémoire (Sochea Chun, Chanry Krauch, Sarith Mang, Savoeun Norng), ont été justement récompensés par le prix francophone de la technique. Hamilton College (NY) Martine Guyot-Bender Tillinac, Héloïse. Quand la politique se mêle de cinéma. Lormont: Bord de l’Eau, 2012. ISBN 978-2-35687-151-0. Pp. 200. 20 a. Cette étude est une enquête sur les liens entre politique et critique cinématographique réalisée à partir d’environ 350 recensions de 128 films français et étrangers sortis en France en 2003 et d’entretiens avec leurs auteurs. L’enquête, limitée à trois 242 FRENCH REVIEW 89.1 Reviews 243 quotidiens généralistes nationaux orientés à gauche (Libération), au centre-gauche (Le Monde) et à droite (Le Figaro), pose les questions suivantes: Quelles opinions politiques s’expriment,ouvertement ou non,dans les recensions de films? Ces idées correspondentelles aux lignes éditoriales des journaux? Quels sont les rapports entre choix esthétiques et positionnement politique? Comment expliquer l’engagement des critiques de cinéma? Les lecteurs sont-ils conscients de ces orientations? Les dix chapitres développent ces thèmes de manière assez scolaire et inégale. Tillinac souligne plusieurs clivages au niveau de l’idéologie et des choix esthétiques (films sélectionnés, style, mise en page, inclusion ou non...

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