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Reviews 241 Panchot, Olivier, réal. De guerre lasse. Int. Jalil Lespert, Tchéky Karyo, Hiam Abbass, Sabrina Ouazani, Jean-Marie Winling. Elzévir, 2014. Ce film est passé inaperçu (moins de 30 000 entrées, couverture médiatique quasiment nulle) lors de sa sortie en mai 2014, une semaine avant que le Festival de Cannes ne commence à battre son plein. Cependant, le deuxième long métrage d’Olivier Panchot montre suffisamment d’originalité pour que l’on s’y attarde un peu a posteriori. Drame familial sur fond de guerre entre clans mafieux, le film n’est pas sans rappeler les films de James Gray,qui plonge le spectateur dans un univers nocturne où sourdent de mortifères secrets de famille. L’intrigue immerge ses personnages dans un Marseille hivernal balayé par le mistral. Loin des clichés d’une cité phocéenne inévitablement solaire, le film alterne entre des décors sombres à l’exiguïté poisseuse et de vastes espaces tournés vers un ailleurs fantasmatique, éclairés d’une lumière naturelle froide et triste. Cet ailleurs fantasmé, c’est dans un au-delà algérien idéalisé par des personnages en exil qu’il faut le chercher. Car si Marseille accueille ce récit irrigué d’un mensonge fondateur, la tragédie, elle, s’est nouée de l’autre côté d’une terne Méditerranée aux teintes grisâtres, en Algérie. Jalil Lespert et Tchéky Karyo, que l’on a connus bien moins convaincants par ailleurs, font preuve de justesse, tout comme le glaçant Jean-Marie Winling. On remarquera l’habileté des premières séquences où le protagoniste interprété par Lespert nous est présenté avec une économie de moyens des plus réjouissantes. La caméra colle au plus près de ce bidasse qu’on comprend vite en cavale, barbe de trois jours et coupe de cheveux façon Légion étrangère. Chacun de ses regards traduit la méfiance, chacun de ses gestes brusques mais précis traduit l’empressement du personnage à passer inaperçu dans l’univers cosmopolite où il vient trouver refuge. Les sons off, façon acouphènes, laissent deviner un traumatisme rapidement confirmé par le sommeil agité du personnage et une boîte de tranquillisants. La musique du film qui accompagne cet incipit sans paroles laisse se glisser dans les nappes de cordes classiques des rythmiques nord-africaines annonciatrices de la dimension transméditerranéenne d’un récit qui porte en lui les stigmates d’une guerre d’Algérie jamais vraiment digérée. Villanova University (PA) François Massonnat Panh, Rithy, réal. L’image manquante. Catherine Dussard, 2013. Le cinéma, c’est avant tout des images projetées sur une surface rectangulaire qui montrent des personnages qui nous renvoient à la grande ou la petite histoire de l’humanité. En cinéma, il n’est pas facile d’innover véritablement, surtout dans le documentaire, et encore plus dans le documentaire sur la guerre. Dans ce contexte, L’image manquante du cambodgien Rithy Panh, film basé sur L’élimination (2011), le récit autobiographique de l’enfance du réalisateur sous le régime Khmer Rouge de Pol ...

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