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Reviews 191 sujet ressassé depuis près de deux millénaires, réussit à provoquer la réflexion du lecteur et à déstabiliser ses certitudes.C’est ce qui arrive d’ailleurs à l’écrivain agnostique profondément touché par le discours révolutionnaire du prêcheur juif galiléen. L’ampleur extraordinaire de la démarche du Royaume révèle que le questionnement métaphysique de son auteur demeure. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Da Silva, Didier, L’ironie du sort. Paris: Arbre vengeur, 2014. ISBN 979-10-9150409 -6. Pp. 155. 10 a. Robert Franks, qui participa autrefois à un débat sur la peine de mort lorsqu’il était étudiant à Harvard, écoute aujourd’hui son avocat Clarence Darrow tenter de lui éviter la chaise électrique: l’ironie, lorsqu’elle s’en prend au sort d’un individu, peut être perçue comme particulièrement cruelle. Elle frappe l’imagination et nourrit le sentiment d’être doté d’une forme de clairvoyance pouvant confiner à la paranoïa. Dans L’ironie du sort, Da Silva fait de ce principe le moteur d’un récit dont l’ambition est inversement proportionnelle au nombre de pages qui le constitue. Si, après Borges, on peut affirmer qu’il n’existe “aucun fait, si humble soit-il, qui n’implique l’histoire universelle et son enchaînement infini d’effets et de causes” (51–52), il revient alors à l’historien—ou sa contrepartie littéraire—d’en apporter la preuve. Da Silva organise son très vaste échantillonnage de faits et d’anecdotes en un réseau tissé au millimètre et où, en effet, rien ne se trouve mentionné par hasard. Acteurs et assassins, victimes et bourreaux, moines et écrivains venus d’autres époques se voient mis en contact les uns avec les autres par l’effet d’une vaste opération de montage conçue à partir de coïncidences, de juxtapositions, de contreparties parfois logiques et parfois délirantes (50),de glissements et de variations.Le récit avance à un rythme rapide: l’accusé Franks, libéré au bout de trente ans d’incarcération, se fait ornithologue; Hitchcock, qui n’a pas encore tourné Les oiseaux s’empare de la pièce de théâtre basée sur son histoire pour tourner La corde. Incidemment, le lendemain du meurtre naissait Charles Aznavour. Et ce jour-là mourrait Erik Satie. Or la première Gnossienne sert de musique à The Immortal Story d’Orson Welles, qui huit ans plus tôt, dans Compulsion, incarne l’avocat Darrow dans une autre adapation cinématographique de l’histoire de Franks! Le fil ne casse pas, et semble se dérouler avec une simplicité déconcertante. Tout, apprenonsnous dès sa quatrième de couverture, est vrai dans ce livre. Les lecteurs ont pourtant l’impression de lire un roman, car à travers la manifestation d’un esprit particulièrement acéré, se dessine, en filigrane, le portrait d’un auteur fasciné par son sujet et par ceux qui s’y sont intéressés avant lui. Da Silva convoque la figure des musiciens occupés par le principe de la variation (Satie, Cage, Feldman), des écrivains dont le caractère de feu les condamne à une malédiction sociale à répétition (Léon Bloy,Villiers de l’IsleAdam ), des cinéastes dont la conception du montage est de simuler “un unique plan sans coupes” pour former un mouvement semblable à “un œil qui ne se ferme pas” (13). Et tout comme autrefois Rome, la ville de Chicago semble constituer une forme de point magnétique vers quoi pointent toutes les aiguilles. Au final, L’ironie du sort propose une version extrêmement construite d’un monde où, si rien n’arrive par hasard, aucune cause ultime ne le domine pourtant. Metropolitan State University of Denver Jean-François Duclos Deck, Julia. Le triangle d’hiver. Paris: Minuit, 2014. ISBN 978-2-7073-2399-6. Pp. 175. 14 a. Mademoiselle,personnage principal et autrement anonyme de ce deuxième roman, douée pour les chiffres mais d’une indécision maladive (comme dans une scène de madeleine et de thé antithétique de Proust...

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