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Boutin, Aimée. City of Noise: Sound and Nineteenth-Century Paris. Urbana: UP of Illinois, 2015. ISBN 978-0-252-08078-4. Pp. 194. $25. Cette œuvre nous propose un réexamen de l’impact de la révolution industrielle sur le Paris du dix-neuvième siècle. Pour cela, Boutin substitue un paradigme aural au traditionnel paradigme visuel, faisant de la ville un espace où coexistent des cultures sonores souvent conflictuelles. Ce livre ne prétend pas nous dire ce que l’on entendait à Paris à l’époque. Il n’existait d’ailleurs aucune mesure acoustique objective, sans compter que ce que l’on perçoit comme bruit est intimement lié aux personnes et catégories sociales de ceux qui écoutent. Boutin a donc recours à des guides, des sketchs visuels et verbaux et des textes poétiques des années 1830–1890 rapportant ou figurant les chants, cris et bruits des rues, les sons des marchands ambulants, ces petits métiers, remontant aux Cris de Paris du Moyen Âge. Les perceptions des flâneurs, journalistes et poètes nous sont ainsi présentées, non sans oublier que la tradition pittoresque des Cris de Paris, les origines sociales, l’humeur ou la mode du moment médiatisaient déjà leur vécu. Afin de mieux relativiser cette perception du sonore en tant que bruit ou nuisance, Boutin cite les Lettres parisiennes de Girardin. La haute bourgeoisie déplore l’invasion sonore des musiciens et chanteurs de rue, souvent des migrants saisonniers indigents venus des provinces. Cette exaspération trahit la xénophobie et peur d’une économie marginale, peur que la Monarchie de Juillet confirmera dans une série d’ordonnances visant à contrôler le mouvement des musiciens de rue, soupçonnés de subversion. Dans ce Paris qui se modernise sous l’influence de la révolution industrielle et l’hausmannisation, l’ancien Paris disparaît. C’est au journaliste compositeur socialiste allemand Mainzer que l’on doit les sketches des petits métiers catalogués dans Les Français peints par eux-mêmes. Cette préservation est problématique car la représentation des petits métiers s’idéalise dans le filtre de la nostalgie du passé et des souvenirs d’enfance. À cet égard, Boutin nous montre comment la récupération bourgeoise d’un passé sublimé est contestée par des poètes comme Baudelaire qui considèrent les petits métiers comme un signe de résistance à l’ordre établi. Les grands travaux d’Hausmann vont radicalement changer l’espace sonore parisien. Les échoppes disparaissent, les cours se ferment au public. Les vendeurs ambulants envahissent les grands boulevards et les quartiers populaires. Le bruit de la circulation sur les boulevards s’ajoute aux autres bruits de la cité. Mais c’est dans le bruit et la dissonance que subsistent un monde et une économie parallèle qu’on voudrait rendre invisibles. University of Maryland, Baltimore County Marie DeVerneil 218 FRENCH REVIEW 90.1 ...

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