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of all three stories is the mysterious femme fatale Anna. She seems to be the most duplicitous individual in a world where all is false. In the end, the reader too gets the impression of having been the dupe of some kind of hoax. All we have been reading is words, not people or events, and words cannot be trusted. As the brief epilogue states, “C’était le triomphe de la lettre sur l’esprit, les mots qui dévoraient tout, et s’immolaient d’eux-mêmes” (107). University of Denver James P. Gilroy Suaudeau, Julien. Le Français. Paris: Laffont, 2015. ISBN 978-2-221-18770-8. Pp. 211. 18 a. Alors que des centaines de jeunes Français partent faire le jihad en Syrie, voici un roman qui tombe à point. Comment en viennent-ils à prendre une si grave décision? Quelles raisons les poussent à mettre leur vie en jeu? Certains attribuent une telle radicalisation aux mosquées, d’autres aux prisons, alors qu’à ce jour aucune étude sérieuse n’a été effectuée sur le sujet. C’est une voie différente que propose cet ouvrage, qui pourrait être sous-titré “Journal d’un terroriste malgré lui”, “Itinéraire d’un djihadiste ordinaire”, ou simplement “(En)Quête d’identité”. Rédigé à la première personne par un narrateur anonyme, il est dédié “À ceux qui crèvent” (7). Nous accompagnons le long d’une redoutable traversée un malheureux livreur-déchargeur qui aime “les jours mornes et sans lumière” et n’a “rien contre l’ennui ni contre la solitude” (20). À Évreux, la vie est pourtant intenable. En famille, il est constamment humilié et violemment battu par un beau-père ivrogne. Par hasard impliqué dans un accident qui cause la mort d’un voisin, il perd son emploi. Personne sauf son“binôme,” un vieux Tunisien (15), chez qui se réfugier pour se faire recoudre à vif l’oreille que le conjoint de sa mère a failli lui arracher, et demander secours. Par son intermédiaire, il pénètre dans un circuit de trafiquants qui l’envoient à Bamako où commence à son insu un entraînement religieux auquel il n’est pas particulièrement réceptif:“Seul Allah est digne d’être loué et Mahomet est son prophète [...] Je me suis habitué à ce baratin. Si vous répétez n’importe quoi assez longtemps, tôt ou tard vous finissez par y croire” (98). Espérant échapper à l’enfer d’Évreux et se construire une identité, c’est dans un abîme de plus en plus profond qu’il tombe, pour enfin échouer “nulle part” (147), dans un no man’s land en Syrie où sont entraînés des garçons comme lui, “de toutes les origines, de tous les pays du monde [...] les déchets de la grande illusion, de la vie, de la civilisation, réunis pour former les contingents de barbares qui devaient tout détruire” (153–54). Au départ, rien ne prédiposait cet homme à se transformer en monstrueux bourreau; aucune conviction religieuse ni pulsion aggressive ne l’habite. Il n’a qu’un rêve,“être une personne” (159). Devenu “le joueur vedette” d’une équipe de trancheurs de tête, il est acclamé par “les guerriers du califat” qui tonnent: “‘Le Français! Le Français! Le Français!’ très vite et très fort”, des cris qui se transforment 280 FRENCH REVIEW 89.4 Reviews 281 bientôt “en rugissements de victoire” (180). Pourtant cet antihéros n’a toujours pas d’identité ni de nom; il est reconnu uniquement par son origine nationale.Au fond de lui-même, il se rend compte qu’il est bien pire que le “malheureux mortel, pauvre d’amour et d’argent” (178) qu’il était à Évreux. En Syrie, tout progresse pourtant rapidement. Sa conscience n’a mis que trois jours“à mourir”(178). Peut-on en vouloir à ce misérable? Mérite-t-il la pitié ou l’anathème? À chaque lecteur de décider en son âme et conscience. Auburn University (AL) Samia I. Spencer Van Cauwelaert, Didier. Jules. Paris: Albin Michel...

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