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Mention-Schaar, Marie-Castille, réal. Les héritiers. Int. Ariane Ascaride, Ahmed Dramé, Noémie Merlant. Loma Nasha, 2014. Au lycée Léon Blum de Créteil, Anne Guéguen, une professeure d’histoireg éographie (Ascaride), tente d’enseigner l’essentiel à une classe de seconde ingérable. Les élèves, issus de milieux socioculturels différents, accumulent les obstacles: niveau scolaire catastrophique, manque de respect aux professeurs, agressivité verbale et physique envers leurs camarades, environnement familial dysfonctionnel. Un jour, Mme Guéguen propose à ces adolescents chahuteurs et démotivés de participer au Concours national de la Résistance et de la Déportation sur le thème“les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi”. D’abord réticents car persuadés de leur échec, ces lycéens réussiront à mener à bout leur projet et à remporter le Concours.Dans la veine d’Entre les murs (Laurent Cantet,2008),la comédie dramatique de Mention-Schaar s’inspire de l’expérience scolaire d’Ahmed Dramé, un ancien élève du lycée Blum,auteur de Nous sommes tous des exceptions (Fayard,2014) et co-scénariste du film, à qui la réalisatrice a confié le rôle de Malik. Film conciliant qui s’inscrit dans un contexte de malaise sociétal et d’interrogations sur le fonctionnement du système éducatif français—obsession nationale—Les héritiers valorise l’École et le rôle du professeur. Ainsi, l’enseignante qu’interprète Ascaride (inspirée par Anne Anglès) s’impose comme figure d’autorité,d’exigence et de bienveillance à travers une approche pédagogique adaptée: l’instruction en classe s’accompagne de visites éducatives. La sortie scolaire au Mémorial de la Shoah ainsi que la visite du rescapé Léon Zyguel représentent des moments-clés dans l’apprentissage de l’histoire. Mme Guégen le répète à ses élèves: “l’histoire, il ne faut pas l’apprendre, il faut la comprendre”. Les films récents ont d’ailleurs tendance à montrer un enseignant exemplaire voire héroïque, défenseur des valeurs de la République et passeur de savoir—La journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld, 2009), Tempête sous un crâne (Clara Bouffartigue, 2012), Enfants valises (Xavier de Lauzanne, 2013), La cour de Babel (Julie Bertucelli, 2014; FR 88.2). Les héritiers, dont le titre renvoie à Bourdieu, plaît pour son optimisme et son questionnement sur des thèmes actuels: la laïcité, l’enseignement de la Shoah, l’antisémitisme, l’immigration, l’intégration, la violence et l’échec scolaire. Selon Mention-Schaar, le film s’attache à l’héritage historique et culturel français, cette expérience commune qui doit (re)lier chaque élève à son attachement à la France, à son appréciation pour son pays, à son devoir civique. Notons que la réalisatrice a choisi un style quasi documentaire—tournage à Créteil, mélange d’acteurs et de nonprofessionnels , utilisation des textes d’Anne Frank et de Simone Veil, photos de déportés et autres documents visuels—pour reproduire l’ambiance d’une classe et les émotions d’adolescents transformés par l’histoire. Le témoignage particulièrement émouvant de Léon Zyguel (décédé en janvier 2015), déporté à l’âge de quinze ans à Auschwitz, reste incontestablement la scène la plus bouleversante du film. Un dossier 202 FRENCH REVIEW 89.4 ...

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