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Gadjigo, Samba, et Jason Silverman, réal. Sembène! Galle Ceddo, 2015. Hommage à Ousmane Sembène (1923–2007), ce documentaire narré par Gadjigo s’inscrit dans une tradition de la parole orale dans laquelle le conteur se présente comme témoin voulant préserver le souvenir et l’œuvre du“père du cinéma africain”. Alors que Gadjigo déverrouille la porte d’entrée de la maison de Sembène, portant sur sa façade l’inscription en peul “Galle Ceddo” signifiant “Maison de l’homme du refus”, c’est le parcours de l’individu, de l’écrivain, du cinéaste et surtout du rebelle qui s’ouvre au spectateur. Six titres ou parties (“La maison du rebelle”,“Jeune pêcheur”, “Un miroir pour l’Afrique”, “Sembène le rebelle”, “À la recherche de Sembène”, “Les bouts de bois de Dieu”) tentent de cerner l’homme et l’artiste dont l’itinéraire est initié dans un entretien où il évoque des questions de préservation d’identité: “Ce n’est pas nous qui représentons notre propre image. C’est les autres qui présentent l’image du Noir, de l’Africain”. Vers la fin du documentaire, quand la parole est donnée une dernière fois à celui dont l’ultime film, Moolaadé, vient de recevoir le prix“Un Certain Regard” au Festival de Cannes 2004, cette question identitaire demeure:“C’est à nous de créer nos valeurs, de les reconnaître, de les porter à travers le monde”. Placée sous l’égide du temps, cette chronique retrace en parallèle la trajectoire de Sembène (écolier, pêcheur, docker, militant, écrivain puis cinéaste dans ses moments de gloire et dans l’adversité), les origines d’un cinéma africain se distinguant par son langage et ses sujets, et enfin une autre représentation de l’Afrique et de son histoire à travers les combats menés par le cinéaste dans ses films. Pour l’étudiant, l’enseignant, l’africaniste ou le cinéphile, l’un des attraits de cette réalisation est de pouvoir visualiser, en une séance, les points forts des films de Sembène pour une vue d’ensemble de son œuvre. Commentés et placés dans leur contexte historique, des extraits de Borom sarret (1963), Niaye (1964), La noire de... (1966), Emitaï (1971), Xala (1975), Ceddo (1977), Camp de Thiaroye (1988), Guelwaar (1992) et Moolaadé (2004) soulignent les sujets et les combats chers à l’auteur. Les témoignages de l’écrivain et scénariste Boubacar Boris Diop, d’Alain Ousmane, fils de Sembène, et enfin de Carrie Moore, épouse américaine du cinéaste, apportent des perspectives nuancées sur l’artiste et ses passions à différentes époques de sa vie. Enfin, le témoignage du biographe sénégalais Samba Gadjigo, enseignant à Mount Holyoke College, ajoute une touche personnelle à ce film dans lequel se tissent un archivage unique de photos, d’entretiens, de séances de tournages et de commentaires critiques pour faire le portrait de celui surnommé “l’aîné des anciens”. Premier documentaire consacré à l’artiste, film de référence et outil pédagogique, Sembène! offre de précieuses ressources pour les cours d’histoire, de culture, de littérature et de cinéma africains. Whittier College (CA) Marie-Magdeleine Chirol 248 FRENCH REVIEW 90.2 ...

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