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qu’elle campe racontent notre histoire, celle du monde, sur une période de près de trois siècles. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Nimier, Marie. La plage. Paris: Gallimard, 2016. ISBN 978-2-07-014972-8. Pp. 151. 14 a. Ce roman examine le cheminement d’un implacable combat pour la délivrance. C’est un livre où se joue l’intemporel et qui en prend la dimension. Sculptée, ciselée dans ce que la langue française a de plus beau, l’écriture épouse et façonne le synopsis, et se prête à un travelling sur la beauté de la nature et des corps. Elle est aussi un leurre qui esquive le manque, le lien entre le moment et l’endroit qui transforme “la plage” en terrain de rencontre, de côtoiements et de glissements. La protagoniste n’a pas plus de nom que l’île de vacances méditerranéenne qu’elle traverse en autocar. On ne pourra dire précisément ce qu’elle vient y faire. Elle n’a pas vu depuis deux ans son père, cet interlocuteur désormais absent, dont elle reste flanquée. Comme gage de son absence elle oublie à l’embarcadère la montre qu’il lui avait offerte. Plus que se justifier, elle veut, en dehors de toute filiation, exister au présent, “laisser l’avenir derrière elle”(19).Au terminus du trajet, la tension monte. L’inconnue renoue avec un paysage insaisissable, elle marche jusqu’à cette grotte au bout de la plage où, deux ans auparavant, elle avait fait l’amour avec un ami, le voyageur. Elle l’avait vexé, ils s’étaient quittés. Le temps change: vent, marée, courant, sol déchiré. Le suspens laisse place à la déception: la grotte est occupée par un père et sa fille. Ils évoluent nus. Fascinée, l’inconnue finalement se montre, après avoir vu l’homme se masturber, jouit, elle aussi, et décrit cette scène dans son journal qu’il saisira en échange d’une orange volée. Sous la férule méditerranéenne de Nimier, le regard se porte sur les trois personnages. Le père et la fille n’auront d’autre identité que celle de “colosse” et de “petite”. Lui, beau, grand, est présent auprès de sa fille et prend soin de son jeune corps. L’adolescente, elle, souffre et refuse de grandir. L’inconnue, coincée entre passé et avenir, apprivoise sa nudité. Pour les deux femmes,“dans un même corps, deux âges menaient un combat” (88). Survient alors leur rencontre assortie des similitudes de leurs vies. Leurs rapports se bousculent vers l’inévitable. L’inconnue, otage de son équation, émerge au sommet d’un“triangle isocèle”(134) sur fond de relation père-fille, avec d’un côté le mimétisme avec la petite et de l’autre son attirance physique pour le colosse. Tout se transforme: la géométrie sensuelle se métamorphose en signature sur le sable, cœur percé d’une flèche. L’inconnue adopte la tristesse comme havre de délivrance, un répit avant le retour à la réalité et à l’instant perpétuel qui n’est autre que le manque, celui de son père dont elle ne se “guéri[ra] jamais” (141). “Rien n’est jamais fini” (146) pour ce 222 FRENCH REVIEW 90.2 Reviews 223 treizième roman de la “Reine du silence”, qui se lit comme on contemple la Joconde. De l’impasse et de la filiation, la plage confondra les secrets. Pacific University (OR) Jeanne-Sarah de Larquier Pineau, Gisèle. Les voyages de Merry Sisal. Paris: Mercure de France, 2015. ISBN 9782 -71-523425-3. Pp. 264. 18,50 a. Merry Sisal survived the devastating 2010 earthquake in Haiti but now subsists with vivid images of the cadavers she crossed, her own body violated then rendered in order to survive in its wake. Abandoned previously by the father of her children, François-Jean, whom she hoped would return from France one day, she left school to devotedly raise Tommy...

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