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Reviews 207 Moussa, Sarga. Le mythe bédouin chez les voyageurs aux XVIIIe et XIXe siècles. Paris: Paris Sorbonne, 2016. ISBN 979-10-231-0546-9. Pp. 298. Malgré la sobriété du titre, cette magistrale étude aborde un ample sujet qui s’étend sur une vaste zone géographique peuplée d’Arabes, nomades, Orientaux, Égyptiens, musulmans et wahhabites. À l’érudition de l’auteur et la riche documentation s’ajoutent des notes abondantes et des analyses pénétrantes des récits de voyage. Et ce n’est pas tout puisqu’en plaçant les écrivains dans leur contexte historique européen, ce sont les mentalités et les valeurs de leur environnement et leur époque qui se révèlent et sont contrastées avec celles de leurs contemporains, leurs prédécesseurs et leurs successeurs. Ainsi, les divergences entre les tendances des philosophes des Lumières se reflètent dans la description des Bédouins. Tout au long de l’analyse, Moussa met l’accent sur la complexité et les contrastes, non seulement entre les auteurs, mais au sein d’une même œuvre. Tout en attribuant quelquefois à leurs hôtes les pires intentions maléfiques, les voyageurs leur reconnaissent aussi des qualités. À partir du dix-huitième siècle de nouvelles exigences de vérité s’imposent, et le mot “Bédouin” se substitue peu à peu à “Arabe”, menant ainsi à “un changement de sensibilité, voire au renversement d’un paradigme: entre le début et la fin des Lumières, on passe de l’image de l’Arabe pillard à celle du Bédouin hospitalier” (43). De nombreux exemples illustrent une nouvelle démarche intellectuelle qui signale les débuts d’une science naissante, l’ethnographie. Les voyageurs décrivent systématiquement les us et coutumes des peuples qu’ils côtoient: habitat, nourriture, habillement, et même connaissance de l’astronomie et la médecine. Influencés par les idées de Rousseau, un grand nombre d’entre eux idéalisent la société bédouine des “vrais Arabes”, c’est-à-dire ceux qui mènent une vie primitive sous les tentes, par opposition aux Arabes sédentarisés qui ont oublié les traditions de leurs ancêtres. Toutefois, d’autres voyageurs leur reconnaissent “un potentiel ‘éclairé’ opposé à l’anti-intellectualisme de Rousseau”(66). L’éloge de ces populations ne porte pas uniquement sur leur sens de l’hospitalité—“une valeur sacrée” (84)—mais aussi sur “la passion poétique des habitants du désert” (85), leur “éloquence naturelle” (86), et leur “goût de l’indépendance” (118). Parallèlement, un contre-courant met en cause l’image idyllique du Bédouin—“‘Bon Sauvage’ orientalisé”(93)—en le décrivant comme“un ennemi du genre humain” (114). Au cours de la période post-révolutionnaire, la représentation des Bédouins renvoie“en miroir la façon dont la France révolutionnée pense les valeurs ‘universelles’ au nom desquelles elle veut désormais s’affirmer dans le monde” (117). Dans la Description de l’Égypte, sous la plume des savants de Bonaparte et de certains de leurs contemporains, les Bédouins apparaissent comme une société bien organisée ayant des“rituels fort complexes”(163), sous une simplicité apparente. Le désert et ses nomades continueront à fasciner les romantiques et leurs successeurs, mais le mythe perdra peu à peu de son ascendant surtout après la Première Guerre mondiale, victime d’une modernisation qui le dénature et lui fait perdre “son charme propre” (266). Que diraient ces voyageurs s’ils revenaient aujourd’hui et voyaient les gratte-ciel qui ont remplacé les tentes et les puits de pétrole qui occupent le chimérique désert? Auburn University (AL) Samia I. Spencer Murphy, Libby. The Art of Survival: France and the Great War Picaresque. New Haven: Yale UP, 2016. ISBN 978-0-300-21751-3. Pp. 279. Were the countless French infantrymen who after summer 1914 marched off to war along flag-lined thoroughfares so many consenting victims resigned to the patriotic necessity of bloodshed? Seconding historian Leonard Smith who questions the Great War metanarrative as a tragedy of victimization...

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