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Reviewed by:
  • La Personne De Confiance by Didier Van Cauwelaert
  • Didier Bertrand
Van Cauwelaert, Didier. La personne de confiance. Albin Michel, 2019. ISBN 978-2-226-44169-0. Pp. 208.

On doit à Van Cauwelaert une trentaine de romans, six pièces de théâtre, un album jeunesse, un récit et plusieurs essais. On se souviendra peut-être d'Un aller simple (1994) qui a valu à son auteur le prix Goncourt. Si c'est le cas, on reconnaîtra le sens de l'humour très original du romancier qui survient à l'intersection de la critique sociale et des aberrances du "système". Avec La personne de confiance, nous sommes moins confrontés à un phénomène social tel le rejet ironiquement absurde des immigrés en France, comme c'était le cas dans Un aller simple, qu'à l'histoire d'une rencontre aussi aléatoire que créative entre deux personnes qui n'auraient en fait jamais dû croiser chemin. Qui a essayé de kidnapper la vieille dame, Madeleine Larmor, héroïne de la Résistance et propriétaire de la troisième compagnie de biscuits en France? S'agit-il de Max, un jeune conducteur-grutier de la fourrière, qui emporte une limousine aux vitres noires pour stationnement illégal, entraînant avec lui Madame Larmor? Ou bien s'agit-il du neveu-héritier de Madeleine, qui s'emparerait volontiers de l'entreprise de sa vieille tante? Max se rend compte très vite que malgré son statut de recordman à la fourrière, il risque de perdre son emploi. De fait, emporter une voiture avec son occupant est la plus grave erreur professionnelle qu'un conducteur-grutier puisse commettre. Une solution s'impose vite à son esprit: puisque la vieille dame semble délirer quand elle est semi-consciente, il suffira au jeune homme de faire un petit détour et de la déposer à l'hôpital, pour ensuite continuer son chemin vers la fourrière comme si de rien n'était. Mais voilà que la vieille dame retrouve soudain toutes ses capacités mentales et supplie Max de ne pas la remettre aux mains d'un système médico-légal qui risque de la repousser dans la démence. Une amie infirmière de Max lui confirme en effet que les médicaments trouvés dans le sac de Madeleine sont propres à simuler la maladie d'Alzheimer. Ainsi commence une amitié inattendue entre les deux protagonistes, à tel point que Madeleine va enlever le contrôle de sa fortune et de son état de santé des mains de son neveu pour les placer dans celles de Max, un gamin de la banlieue parisienne. Ce qui frappe le plus dans ce roman, hormis l'humour mentionné plus haut que l'on retrouve au détour de chaque page, est le style peut-être emprunté à Kamel Daoud dans Meursault: contre-enquête (2014), celui du récit de confession. Le roman de Van Cauwelaert a lieu dans un commissariat de police et est complètement narré du point de vue de Max alors qu'il subit un interrogatoire en règle dirigé par un certain "capitaine", de même que le héros du roman de Daoud se confie au fil de quelques jours à un chercheur français à la recherche de l'Arabe que Meursault a tué. Ce style est difficile à maintenir au long de deux cents pages, mais Van Cauwelaert relève très bien le défi. [End Page 257]

Didier Bertrand
Indiana University-Purdue University Indianapolis
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