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Reviewed by:
  • Les guerres de Syrie by Michel Raimbaud
  • Samia I. Spencer
Raimbaud, Michel. Les guerres de Syrie. Glyphe, 2019. ISBN 978-2-35285-112-7. Pp. 257.

Pourquoi le titre est-il au pluriel? Quels sont les véritables motifs de cette agression puisque la Syrie n'a ni attaqué ni menacé les pays qui s'acharnent sur elle? En fait, que savons-nous de cette interminable guerre, plus longue que les deux conflits mondiaux ajoutés, avec "400 000 morts (dont au moins 100 000 soldats de l'armée régulière), deux millions de blessés et de handicapés, 14 ou 15 millions de réfugiés, déplacés [End Page 230] internes ou exilés (soit un Syrien sur deux) […] et l'invasion des mercenaires accourus pour le djihad" (118)? Nos connaissances correspondent-elles à la réalité sur le terrain? S'agit-il d'une guerre civile ou d'un "kriegspiel planétaire" (132) entre l'Atlantique et l'Eurasie? Qu'est-ce que l'opération Timber Sycomore et qui sont les Casques blancs "si populaires en Occident" (195)? Le clivage entre sunnisme et chiisme est-il politique ou religieux? Quel est le rôle des médias dans la propagation de la désinformation et la manipulation des opinions publiques? Pourquoi la Chine peu friande de véto, n'en ayant usé que neuf fois depuis son admission à l'ONU, trois fois pour des affaires exclusivement chinoises, l'a-t-elle exercé "six fois au sujet de la Syrie" (225)? Les sanctions économiques et le "blocus global" (247) imposés à ce malheureux pays pour empêcher sa reconstruction sont-ils conformes à la Charte des Nations Unies ou au droit international? Ancien ambassadeur de France ayant occupé des postes importants dans plusieurs pays au Moyen-Orient, en Afrique et dans l'administration centrale du Quai d'Orsay, Raimbaud possède des connaissances encyclopédiques sur la région au cœur de son ouvrage, la diplomatie et les agences de renseignements. Les lecteurs trouveront ici bien plus que les réponses aux questions ci-dessus, notamment le rappel d'importants événements historiques toujours très vivaces chez les peuples concernés dont peu se souviennent encore en Occident, et de percutantes analyses de ce que cache le dessous des cartes. Si le "printemps arabe" commence à Damas en 2011, les préparatifs outre-Atlantique se tramaient en sourdine beaucoup plus tôt. La Syrie est une nation récalcitrante qui ne se plie pas aux desiderata de Washington et de ses partenaires. En 2003, Colin Powell se rend à Damas pour ordonner à Bachar al-Assad de renoncer à ses alliances avec l'Iran, le Hamas et le Hezbollah afin d'éviter les ennuis, lui rappelant le précédent de l'Irak. Rien n'y fait. Plus grave encore, la Syrie éconduit le Qatar et les Occidentaux au profit de Téhéran et de Moscou pour l'acheminement du gaz destiné à l'Europe via son sol, et elle refuse un acompte de 15 milliards de dollars proposé par le Qatar à condition qu'elle s'éloigne de l'Iran et adhère à "l'Axe de la modération arabe" (158), c'est-à-dire les monarchies pétrolières sunnites soutenues par les EU et leurs alliés. Pour aller au-delà de l'impasse actuelle, Raimbaud tente de se projeter dans l'avenir pour imaginer une sortie de crise. Si à court terme l'internationalisation du conflit demeure "un casse-tête qui rend fou" (233) et les perspectives peu encourageantes, il est persuadé qu'à long terme la Syrie se relèvera.

Samia I. Spencer
Auburn University (AL), emerita
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