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dès la deuxième page, le narrateur révèle le nom du meurtrier: le protagoniste lui-même. Ne reste alors qu’à établir le pourquoi et le comment du meurtre. Pour ce faire, tout au long de l’intrigue, le narrateur va interroger le protagoniste (son double) dans une auto-narration à la deuxième personne, le poussant dans les recoins les plus obscurs de son existence, transformant le tissu narratif en interrogatoire et le lecteur en flic. Les premiers éléments de l’enquête établissent rapidement le nom et l’identité professionnelle du protagoniste, sa situation familiale (marié, avec un fils), ainsi que l’arme du crime: “Sig-Sauer SP 2022, un semi-automatique à quinze coups et une vitesse de trois cent cinquante mètres par seconde” (13). Puis on passe à ses antécédents, en commençant par sa petite enfance, la naissance de son fils, les visites chez sa mère, une bonne cuisinière, le penchant de son père pour Lino Ventura (un immigré italien comme lui), les vacances d’enfance à Parme, les inquiétudes de sa femme (Laure) et les moments agréables passés chez sa belle-mère. Comme dans un interrogatoire, la trame narrative n’est cependant ni fluide ni linéaire, superposant le présent au passé, comme si la mémoire (du protagoniste) avait cédé sous la lourdeur mortifère de l’événement et que ce dernier avait cherché refuge dans l’oubli, transformant la biographie en “morceaux d’histoire [...] bribes d’existence [...] moments de vie” (25). De fil en aiguille, Serrano perd tout contact avec le monde, laissant derrière lui famille, emploi, identité (il perd ses papiers) et bien-être physique et moral. Sa dérive devient alors syndrome social, alors qu’à l’identité fixe du flic père de famille se substitue la non-identité fluide du marginal, du clochard anamorphe et muet, et qu’au lieu de mémoire se substitue le non-lieu, vidé de sa charge symbolique et historique. Petit à petit, le narrateur reconstitue le récit du “crime irréparable” (34) de Jean-Jacques Serrano, le meurtre involontaire de son fils lors d’une course-poursuite (celui-ci avait volé une voiture et s’était engagé dans un passage à niveau fermé avant d’être percuté par un TGV). Mais le récit du meurtre involontaire ne clôt pas la narration, le dernier chapitre étant consacré à la paupérisation progressive du protagoniste et à sa descente dans l’errance. On comprend finalement que, pour Abdelkader Djemaï, la misère sociale prend racine dans le malheur personnel et que l’oubli (des autres, des exclus) n’a de sens que si on le pense par rapport à la résilience de la mémoire, en dépit des drames et des traumatismes. Rutgers University (NJ) Jean-Louis Hippolyte DUC, MARIE-GABRIELLE. La Remorque rouge. Paris: Albin Michel, 2009. ISBN 978-2-22619092 -5. Pp. 201. 14 a. Marie-Gabrielle Duc has written six novels, of which La Remorque rouge is the first to be published. This quirky story combines realism and fantasy as it relates the life of its protagonist and first-person narrator, Clarque Kowalski. Clarque leads a regimented life with clear priorities: work, home, and hobby. This last element takes precedence over relationships and other pastimes: for the past four-and-a-half years, he has been rewriting Marcel Proust’s complete works in the hopes of winning a a40-million prize. Consequently, he and his estranged wife Brigitte have drifted further and further apart, and he has virtually lost contact with his adult son, Stéphane. Clarque, on call during the holidays at the truck stop where he works, intends to use the week between Christmas and New Reviews 195 Year’s Day for copying more of Proust’s œuvre. However, his plans go awry because of several unexpected occurrences, including a brief love affair with a coworker , the mysterious arrival of a red trailer, and the appearance of seven unusual children who have been living inside the undocumented vehicle. Suddenly, a child welfare situation requiring his immediate attention confronts Clarque. Instead of devoting all his time to...

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