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Sur fond de choc des religions, le roman a des allures de récit de voyages et d’aventures du premier Arabe, aussi bien explorateur et guérisseur qu’interprète, qui s’est retrouvé en Amérique aux environs de 1527 et dont le destin fut extraordinaire . Mais il s’agit bien davantage d’une réflexion très actuelle sur l’opposition des cultures et sur la confrontation entre différentes civilisations. A travers de multiples échanges entre la mémoire et l’histoire, le singulier et l’universel, le proche et le lointain, l’œuvre tente de saisir des échos des grandes tourmentes politiques et religieuses qui dominent le monde contemporain et qui rappellent les ravages des temps lointains marqués par l’intolérance, la violence et la cruauté. Ammi, qui signe ici un de ses écrits les plus picaresques, poursuit son stratagème de romancier. Alliant la sobriété et l’élégance du style, il présente de main de maître une fresque inoubliable d’une époque lointaine. La trame narrative est ficelée par des images saisissantes qui rendent ce récit fascinant. California State University, Long Beach Najib Redouane BEGAG, AZOUZ. Dites-moi bonjour. Paris: Fayard, 2009. ISBN 978-2-213-63717-4. Pp. 175. 16 a. Hors du commun, le récit qu’Azouz Begag publia sous un titre aussi accueillant que simple ne se prête pourtant pas à la lecture légère. Si on s’y attend à une histoire sur les problèmes de la banlieue et les déconvenues de l’intégration, on en sera pour une grande surprise. Comme à l’accoutumée, Begag nous invite aussi bien à l’humour narquois qu’à une longue réflexion, ne serait-ce que pour nous sensibiliser, non à l’identité du “Beur” mais à l’état de l’humanité sous le régime de la Satiété de consommation. Des formules pareilles à celle-ci, le récit en regorge dans une histoire où les animaux, comme dans une fable, sont personnifiés, ou plutôt, pour être fidèle à la vision du narrateur, ce sont les êtres humains, les Persolitaires, qui y sont animalisés. Il y a donc la Chauve-sourire, qui appartient à la catégorie des Pépins, et Neigema (de l’arabe, étoile; peut-être aussi en référence à Nejma de Kateb Yassine) à celle des Pépites, deux catégories inculquées au narrateur par son père pour débusquer les Pépins de leur déguisement de Pépite ou pour pouvoir distinguer l’aimable du hargneux. De peur de ne pas être aussi efficace qu’il le voulait, Begag choisit la fable comme convention littéraire qui permet la satire sociale et le ridicule; c’est-à-dire une convention qui met aux prises la littérature avec la critique sociale. D’ailleurs, son narrateur nous donne de la société moderne une impression où le simple salut pourrait bien avoir des conséquences fâcheuses, comme Aimé, le Breton, l’aurait expérimenté un jour lorsqu’il salua à l’entrée d’une boulangerie un Ours, qui lui demanda: “Pourquoi vous me dites bonjour?” (10)—d’où le titre du récit. Il en est de même pour le narrateur, qui ne semble pas avoir appris sa leçon, et se fait traiter de fou lorsque, à l’entrée d’un wagon de métro, il lance, à la surprise des passagers, des salutations auxquelles personne ne prête attention. Devant des voyageurs restés “reclosreclus ,” il aurait voulu dire: Non, je ne viens pas de ce monde où les gens ont le cul serré par l’angoisse, se voilent la face derrière des faits divers et des cours de bourse qu’ils feignent de lire, où ils ont appris à fermer leur cœur à l’inconnu, à ne plus dire bonjour à n’importe qui. (121) 188 FRENCH REVIEW 84.1 Comme dans Le Gône du Chaâba (1986) où le protagoniste passe une bonne partie de sa jeunesse dans un bidonville de la banlieue lyonnaise, le narrateur semble avoir consommé son enfance dans un monde forestier pauvre—chaâba— qui, bien qu’il...

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