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Reviewed by:
  • Translating the Postcolonial in Multilingual Contexts by Judith Misrahi-Barak, et Srilata Ravi
  • Véronique Porra
Misrahi-Barak, Judith, et Srilata Ravi, coordonnatrices. Translating the Postcolonial in Multilingual Contexts. Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée, 2017. ISBN 9782367812410. 282 p.

Judith Misrahi-Barack et Srilata Ravi présentent un volume collectif dont le sujet se situe à l'intersection des études postcoloniales et de la traductologie. Partant du postulat que la traduction, élément au demeurant essentiel dans les processus de transfert culturel, occupe un rôle privilégié et très spécifique dans le corpus postcolonial, les éditrices réunissent ici des études portant sur des espaces et des transferts linguistiques et culturels très variés. En effet, non seulement vecteur de ces transferts et créatrice de poétiques, la traduction est aussi un précieux révélateur des écarts postcoloniaux et des phénomènes de décentrement à l'œuvre. Ainsi ce volume conjugue-t-il tout à la fois des études s'interrogeant sur cette dimension créatrice de la traduction (entre autres celles portant sur la pratique auto-traductive), mais pose aussi la question de la fracture entre l'espace imaginaire et linguistique de la création et celui de la réception, soulignant de fait, dans une ouverture vers la sociocritique, les enjeux esthétiques et socio-culturels de telles médiations.

Les articles, majoritairement en anglais mais aussi, pour trois d'entre eux, en français, sont répartis en quatre sections ("Translating Islands"; "Translators' Africa"; "The Mediterranean as/in Translation"; "The Americas in Translation"). Cette structuration en fonction des appartenances ou références géographiques, dûment justifiée par les éditrices, s'avère d'autant plus pertinente qu'elle permet de mettre en évidence, pour chacune de ces zones, des spécificités dont une lecture globale du phénomène ne peut faire l'économie. Pour autant, les deux éditrices invitent le lecteur à opérer une synthèse transaréale.

Plusieurs lignes de force thématiques et méthodologiques se dégagent de cet ensemble très riche. L'une d'entre elles est sans aucun doute la pratique auto- traductive [End Page 243] de nombreux auteurs en situation hétéroglossique. Dans sa contribution "Rewriting Mauritius' Past: Ananda Devi's Postcolonial Self-Translation" (53–70), Julia Waters étudie la pratique auto-traductive dans Pagli d'Ananda Devi. Notant des divergences notoires, notamment par l'ajout de passages narratifs mais aussi au niveau stylistique entre texte-source et texte-cible en anglais (56), ce dernier essentiellement destiné au marché indien anglophone, elle montre que plus qu'à une auto-traduction, nous avons affaire à une réécriture tributaire du contexte historique. Bien au-delà d'une adaptation au lectorat, Devi entre en dialogue avec l'histoire littéraire et culturelle respective des deux domaines linguistiques. Dès lors, cette pratique n'est plus à comprendre comme une simple stratégie de réception mais à aborder comme une esthétique profondément marquée par le dialogisme. De son côté, Charlotte Baker ("'Translated from Gikuyu by the Author': Ngūgī wa Thiong'o's Self – Translation of Wizard of the Crow," 127–40) met en évidence la façon dont les interférences de langues et d'images viennent invalider le pouvoir dictatorial, et révèle l'établissement d'un principe dialogique interne à l'œuvre de Ngūgī: Charlotte Baker souligne en effet les influences respectives d'un texte sur l'autre, un va-et-vient productif entre les deux versions écrites de façon concomitante, en anglais et en Gikuyu, abolissant de fait la notion d'original. Même si l'écriture de l'auteure sino-américaine Amy Tan ne relève pas de l'auto-traduction, ce sont bien des considérations d'ordre linguistique qui sont au centre de l'article de Lynn Blin: "Mother Tongue – Mother's Tongue. The Lost and Found of Translation in Amy Tan's 'Two Kinds'" (203–19). Elle illustre, au travers de longues citations, comment Amy Tan traduit la Chine dans ses romans en anglais et dans quelle mesure celle-ci s'appuie, pour ce...

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