In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Emerson, Thoreau et Brownson au Québec. Éléments pour une comparaison des milieux intellectuels en Nouvelle-Angleterre et au Bas-Canada (1830–1860) by Yvan Lamonde
  • Leslie Choquette
Emerson, Thoreau et Brownson au Québec. Éléments pour une comparaison des milieux intellectuels en Nouvelle-Angleterre et au Bas-Canada (1830–1860). Yvan Lamonde. Québec: Presses de l’Université Laval, 2018. v + 135 p. 30,00 $ papier

Cet ouvrage de Yvan Lamonde, quoique mince, fait partie d’un projet plus vaste : « une comparaison systématique du développement culturel et intellectuel du Bas-Canada et de la Nouvelle-Angleterre entre 1830 et 1860 ». Le but de l’auteur est de « comparer enfin le comparable, deux sociétés d’Amérique du Nord », plutôt que « l’incomparable », une colonie anglaise avec son ex-métropole française (1). Mené donc sous le signe de l’américanité dont Lamonde décrit la généalogie au Québec, de Robert Charbonneau au sortir de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à Gérard Bouchard et lui-même, en passant par Hermas Bastien et Roland Houde, son enquête décrit le passage de trois intellectuels américains au Québec pendant les années 1850. Il s’agit de Ralph Waldo Emerson (1803–1882), un fondateur du mouvement transcendantaliste et selon Lamonde « la quintessence de l’américanité historique » (3) par son projet de « penser l’universel à partir de l’Amérique » (126); de Henry David Thoreau (1817–1862), l’ermite de Walden Pond dont Lamonde analyse le récit de voyage, A Yankee in Canada; et de Orestes Augustus Brownson (1803–1876) dont la recherche religieuse l’amena tour à tour du congrégationalisme au presbytérianisme, à l’universalisme, à l’unitarianisme, au scepticisme et enfin au catholicisme, après avoir frôlé le transcendantalisme. Lamonde n’inclut pas Herman Melville (1819–1891) qui, à la suite de Emerson et de Brownson, donna une conférence à Montréal en 1857 (après y avoir séjourné en 1847 lors de son voyage de noces), car il « appartient à une autre constellation que celle des transcendantalistes » (2). Peut-être, mais Brownson les avait reniés, et Melville leur ressemble à plusieurs égards par ses préoccupations. [End Page 142]

Lamonde consacre un chapitre à chacun de ses protagonistes américains, en commençant par Emerson dont il retrace le développement intellectuel en mettant l’emphase sur quelques discours clefs comme « The American Scholar » de 1837 et « Self Reliance » de 1839. Les idées du « penseur libre », familières à ceux qui ont fait des études en littérature américaine, le seront peut-être moins au lectorat québécois visé ici. À Montréal en 1852, Emerson prononce une série de six conférences devant « une grande foule de personnes », aux dires de la presse francophone, mais autrement peu remarquées par-delà la frontière linguistique. Ses sujets partent du Vieux Monde – l’Angleterre – pour en arriver au Nouveau – sa Nouvelle-Angleterre – en une affirmation de l’individualité et du libéralisme.

La visite de Thoreau, dont le voyage organisé au Québec relève des débuts du tourisme de masse, ne conforte pas la thèse de l’américanité. Malgré la grandeur de la nature qui l’impressionne, il y voit un pays passéiste, dominé par le rouge du soldat et le noir du clergé. Pourtant, aux 1 300 Américains qui montent avec lui en 1850 correspondent les 500 à 600 Bas-Canadiens qui descendent à Boston voir un panorama la même année, sans compter les nombreux immigrants qui commencent à gagner la Nouvelle-Angleterre à cette époque. Pendant son séjour à Walden (1845–1847), Thoreau a déjà connu un certain « Alek » Therrien de Nicolet, qui aurait quitté la ferme paternelle depuis une douzaine d’années pour travailler comme bûcheron aux États-Unis. Therrien parle anglais et lit le français, mais Thoreau ne voit en lui que « l’homme animal » dont la conscience a été endormie par une éducation catholique à l’obéissance.

Pour sa part, Brownson donne deux séries de cinq conférences, chacune au Québec après sa...

pdf

Share