Abstract

Abstract:

How can an untranslatable text be read as world literature? Gaston Miron’s only published collection of poetry, L’homme rapaillé, is of course a national, and even nationalist, work. While limited translations exist, their failure is inevitable to the extent that Miron’s language, beyond its fragmented syntax and play with prosody, abounds with neologisms and elements drawn from deep within the Québécois lexicon. In fact, the text is, in a sense, against translation as much in its form as in its content. Furthermore, one might expect that the collection’s overt political engagement and rootedness in the specific experiences and events of the Quiet Revolution would circumscribe the possibility of an extended readership. However, within the francophone world at least, L’homme rapaillé’s circulation and influence has far exceeded the borders of Quebec, in large part because its militancy and aesthetics eschew both provincialism and any facile conception of the universal. This article examines how the poetic construction of the “Québécanthrope,” precisely because of its concern for the local and the intimate, and its simultaneous lyrical dialogue with key figures of decolonization (Césaire, Depestre, Memmi, and Fanon, among others), becomes a gesture of worlding. The article argues for reading Miron as a theorist and practitioner of world literature, viewing Quebec through the lens of relation. I draw on the work of Emily Apter, Vilashini Cooppan, and Jacques Derrida to unpack the implications of Miron’s articulation of the local word and the world, focusing on his signed hapax, “amironner.”

Résumé:

Comment un texte intraduisible peut-il être lu en tant qu’œuvre de littérature mondiale? Seul recueil de poésie de Gaston Miron, L’homme rapaillé, est, bien entendu, une œuvre nationale, voire nationaliste. Bien que des traductions limitées existent, leur échec est inévitable dans la mesure où le langage de Miron, au-delà de sa syntaxe fragmentée et de ses jeux prosodiques, abonde de néologismes et d’éléments lexicaux profondément québécois. Dans un sens, le texte de Miron s’élève contre la traduction tant dans sa forme que dans son contenu. De plus, l’on pourrait s’attendre à ce que l’engagement ouvertement politique du recueil et ses racines dans des expériences et des événements spécifiques de la Révolution tranquille limitent la possibilité d’un lectorat plus large. Pourtant, du moins au sein de la francophonie, la circulation et l’influence de L’homme rapaillé ont largement dépassé les frontières du Québec, en grande partie parce que le militantisme et l’esthétique de l’œuvre évitent aussi bien le provincialisme que toute conception facile de l’universel. Cet article examine comment la construction poétique du « Québécanthrope », précisément à travers son souci du local et de l’intime, ainsi que par son dialogue lyrique avec des figures clés de la décolonisation (Césaire, Depestre, Memmi et Fanon, entre autres), devient un geste de mondialité. L’article propose une lecture de Miron en tant que théoricien et praticien d’une littérature mondiale présentant le Québec du point de vue de la relation. Je m’inspire des travaux d’Emily Apter, de Vilashini Cooppan et de Jacques Derrida pour analyser l’articulation mironienne du mot local et du monde, en mettant l’accent sur l’hapax qu’il signe : « amironner ».

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