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  • Écritures du moi, paysages, figures dans l’œuvre de Chateaubriand par Patrizio Tucci
  • Franziska Meier
Écritures du moi, paysages, figures dans l’œuvre de Chateaubriand. Par Patrizio Tucci. (Études romantiques et dix-neuviémistes, 80.) Paris: Classiques Garnier, 2018. 296 pp.

Patrizio Tucci, Professeur émérite de l’Université de Padoue, réunit ici douze articles qu’il a publiés à partir de 2007. Le recueil concentre les intérêts variés qu’il porte depuis long-temps à l’œuvre de Chateaubriand et à sa réception. Dans la première partie qui traite de [End Page 461] l’écriture du moi, Tucci explore quatre aspects différents de cette thématique. Sous le titre significatif ‘Essais d’outre-tombe’, il commence par indiquer les raisons pour lesquelles Chateaubriand est selon lui beaucoup plus proche de Montaigne que de Jean-Jacques Rousseau, en expliquant que l’écrivain romantique ne cherchait pas à se mettre à nu devant le lecteur, mais entendait plutôt, comme l’avait fait le premier, ne pas se dissimuler dans l’écriture. Tucci souligne aussi quelques différences, et notamment le fait que Montaigne aimait bien parler des faiblesses de son corps tandis que Chateaubriand faisait tout son possible pour ‘se dématérialiser dans son récit’ (p. 30). Dans le second article (‘Une poétique rétrospective’), Tucci étudie la manière dont Chateaubriand change la présentation de ses œuvres antérieures — ainsi que leurs datation et contextualisation — au gré des différentes périodes de composition de ses Mémoires. Il montre clairement les contradictions entre les diverses autoreprésentations. Très intéressant est son article à propos des corrections autographes de la quatrième partie des Mémoires. Tucci attire l’attention sur quelques-unes de ces corrections qui n’avaient pas été relevées dans l’édition de Maurice Levaillant, entre autres la célèbre formule ‘homme des songes’, absente dans le premier jet. Trois autres articles sont regroupés sous le titre ‘Paysage’. Ils s’intéressent aux voyages de Chateaubriand, et notamment au Voyage en Italie que Tucci a traduit en italien. Le chercheur explore la façon dont les quatre lettres de Chateaubriand à Joseph Joubert et à Louis de Fontane pendant son voyage à Rome (en 1803–04) ont été remaniées pour être rassemblées et constituer un volume en 1827, sans que ne soient pour autant reniés ni le deuil ni la promesse de ne pas oublier la défunte, Pauline de Beaumont. La troisième partie tourne autour de quelques personnages décrits dans les Mémoires, dont l’élève adorée, Charlotte Yves, que Chateaubriand revoit lorsqu’il retourne à Londres en mission diplomatique, ou encore Zanze, la Vénitienne au charme vanté par Silvio Pellico dans Le mie prigioni, et que Chateaubriand avait eu l’occasion de rencontrer plus tard. Dans l’épilogue de son ouvrage, Tucci se tourne vers un cas exceptionnel de réception de l’œuvre de Chateaubriand à la fin du dix-neuvième siècle: à travers une analyse du roman Daniele Cortis publié par Antonio Fogazzaro en 1885, il démontre l’importance capitale de la lecture des textes de Chateaubriand dans la vie de la protagoniste Elena, qui aime son cousin Daniele Cortis d’un amour incestueux auquel elle ne cèdera jamais. La conclusion de Tucci est que le roman, à côté de Malombra, est un témoignage supplémentaire de la réception précoce de Chateaubriand en Italie au dix-neuvième siècle.

Franziska Meier
Georgia-Augusta Université de Gö ttingen
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