In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

  • Introduction
  • Leslie Thielen-Wilson, Carmela Murdocca, and Gada Mahrouse

Ce numéro hors-série commémore les travaux d'une des spécialistes de l'intersectionnalité parmi les plus influentes au Canada – Sherene Razack. Son travail sur le genre, la race et le droit a marqué une génération de féministes radicales, anti-racistes et anticolonialistes, ainsi que des éducateurs, des chercheurs du domaine sociojuridique, des praticiens juristes et des militants de la justice sociale1. Ce numéro souligne le vingtième anniversaire de son livre révolutionnaire Looking White People in the Eye: Gender, Race, and Culture in Courtrooms and Classrooms, qui en est à sa quatrième édition2. Depuis Looking White People in the Eye, Razack continue d'analyser les diverses réactions juridiques et sociales à la violence sexospécifique et racialisée dans les contextes colonialistes et impérialistes, sur les plans nationaux et internationaux. Outre plus de quarante articles évalués par des pairs, ses huit livres les plus récents sont : Dying from Improvement: Inquests and Inquiries into Indigenous Deaths in Custody; Casting Out: The Eviction of Muslims from Western Law and Politics; et Dark Threats and White Knights: The Somalia Affair, Peacekeeping, and the New Imperialism3.

Razack a reçu de multiples mentions honorifiques. Entre autres, son article de 2000 « Gendered Racial Violence and Spatialized Justice: The Murder of Pamela George » lui a valu le prix de l'Association canadienne droit et société pour le meilleur article publié dans La Revue canadienne Droit et Société en 2000-20024. En 2004, son livre Dark Threats a reçu le prix Edward Saïd de l'organisation Counter-punch pour les dix meilleurs livres sur l'impérialisme. Dark Threats a également reçu le prix de l'American Association of Political Science en 2005 pour le meilleur livre sur la recherche raciale et ethnique comparée. Les travaux de Razack au cours des deux dernières décennies – où elle critique les certificats de sécurité au Canada, [End Page ix] le racisme antimusulman, la torture et la violence lors des missions de maintien de la paix, la disparition des filles et des femmes autochtones et la mort d'Autochtones en détention – ont également été reconnus et mis en pratique par des militants d'organismes communautaires luttant pour la justice sociale, des éducateurs antiracistes et des praticiens du droit qui œuvrent pour un changement social.

Tenant constamment à collaborer avec et pour des universitaires de couleur, Razack est à l'origine de la formation d'un réseau de recherches sur le concept de race. En 2002, elle a tenu la première conférence canadienne pour une théorie critique de la race et en 2005, elle a été membre fondatrice du réseau Researchers and Academics of Colour for Equality (RACE). Après vingt-cinq ans à l'Université de Toronto, Razack a accepté la prestigieuse chaire Penny Kanner d'études féminines au département des études de genre à l'Université de Californie à Los Angeles, où elle a fondé le Racial Violence Hub, un réseau virtuel de recherches et d'enseignement5.

En tant que corédactrices de ce numéro spécial, nous avons voulu, en écrivant l'introduction du présent numéro, passer en revue ce qui nous a poussées à nous intéresser aux travaux de Razack.

Gada:

Vers la fin des années 90, je travaillais dans des organismes communautaires luttant contre la violence faite aux femmes et où l'on trouvait surtout des féministes de race blanche. C'est dans ce contexte que j'ai pris conscience des points de rupture entre la théorie et la pratique au sein des mouvements sociaux militant pour la justice sociale. J'ai tenté de relever ce grand défi qui consistait à intégrer l'antiracisme dans les pratiques de mon organisation et j'ai constaté que je mettais presque toute mon énergie à essayer d'éviter ou de surmonter l'attitude défensive de mes collègues, dont la perception générale demeurait au stade de la « discrimination » — autrement dit, ils n'étaient pas concernés dès lors que...

pdf

Share