Abstract

Abstract:

Ru (2009) et Mãn (2013), de Kim Th úy, révèlent une mosaïque de bribes de mémoire (autobiographique) et d'allusions succulentes aux traditions culinaires de son pays d'origine. La trame même de son écriture est composée de sensations olfactives et gustatives qui permettent de parler les langages de l'amour, d'effectuer un travail de mémoire et de reconstruction du pays natal et de l'identité clivée par l'Histoire et l'exil. Les références culinaires en tant que technique d'écriture renvoient à des éléments centraux dans la vie de la femme et sont au cœur de la famille, de la société et du pays. Les propos de Lévi-Strauss, de Jean Du Berger et ceux de Luce Giard sur Les Arts de nourrir éclaireront les récits de Thúy, axés sur le partage alimentaire pour recréer un pays perdu, devenu mythique, et conserver des traditions ancestrales en dépit de l'exil. Nous parlerons des amours qui s'expriment par la sensualité culinaire plutôt que par les mots et nous proposerons enfin quelques postulats sur le récit intime en tant que discours féminin.

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