Abstract

Abstract:

L'île Maurice étant dénuée de peuple autochtone, la question de la territorialisation peut s'avérer épineuse. Les différents groupes qui ont graduellement peuplé l'île ont cherché dans la mesure du possible à délimiter un espace propre. Il est intéressant de relever dans la littérature coloniale ou encore dans les textes qui racontent la période coloniale comment certains éléments du paysage mauricien reflètent les aspirations des différents groupes ethniques présents dans l'île ainsi que les rapports de domination. Ces écrits montrent aussi comment les nouveaux venus (des premiers colons aux travailleurs engagés) négocient avec la nature déstabilisante de l'île, qu'ils tentent alors de soumettre. Cet article porte sur deux auteurs mauriciens, peu étudiés par la critique et dont l'œuvre mérite pourtant d'être réévaluée, Savinien Mérédac (1880–1939) et Marcel Cabon (1912–1972). Nous verrons comment leurs écrits représentent deux éléments forts et opposés du paysage insulaire, la terre et la mer, et la manière dont les différents groupes ethniques occupent ou sont exclus de ces espaces naturels, ainsi que les enjeux d'une telle territorialisation dans une société qui cherche à se construire une identité nationale.

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