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  • Vers une Revue canadienne internationale
  • Jerry White

C'est avec un grand plaisir que nous marquons le 25e anniversaire de la Revue canadienne d'études cinématographiques en publiant deux numéros consécutifs. Le premier, 25.1, est consacré au cinéma canadien et québécois, tandis que le second traite du cinéma international. La diversité des articles nous semble particulièrement importante aussi bien au niveau du genre, de la langue que des pays qui y sont abordés.

Nous présentons ici quatre articles portant sur quatre films bien différents. Celui de David Richler, axé sur Le Monde (2004) de Jia Zhang-ke, s'engage dans la complexité esthétique de ce film et nous rappelle que les films de Jia représentent un véritable abandon des canons cinématographiques chinois, surtout les traditions de la « Cinquième génération » de Zhang Yimou et Chen Kaige, jadis si importantes dans les pays occidentaux et qui ont également marqué, surtout dans le cas de Zhang, une révolution tout à fait hollywoodienne. Les films de Todd Solondz sont ancrés dans le contexte états-unien et présentent parfois de vraies vedettes (dans le cas de Palindromes, Jennifer Jason Lee), mais leurs ruptures d'avec les normes de Hollywood sont à la fois réelles et trompeuses. L'article d'Argyrios Keleris s'appuie sur une approche deleuzienne pour mettre à nu des tensions quasi-rhizomiques. Les « films bandits » d'Alekseï Balabanov semblent aussi bâtis sur des modèles très hollywoodiens, mais des films comme La guerre (2002) ou les deux films Брат (Le Frère 1, 1997 ; Le Frère 2, 2000) abordent des problématiques bien plus complexes : nationalisme, mondialisation, hyper-masculinité, critiques. L'article de Fredrick White met en lumière la polyvalence de ces films, sans aucun doute. C'est la polyvalence que Mike Meneghetti présente dans son analyse de The Act of Killing (2012). Parmi les films documentaires le plus célébrés de nos jours, Menghetti insiste sur une grille de lecture du film de Joshua Oppenheimer qui met en avant des questions d'ordre éthique mais aussi à caractère affectif, tout en mettant l'accent sur les liens entre ces deux éléments. Il s'agit à proprement parler d'un film de portée universelle, non seulement en raison du caractère international de l'équipe et des personnages qui le composent, mais aussi en raison de son plan formel et de la façon dont il négocie des traditions documentaires qui existent dans des tensions tantôt créatives tantôt contradictoires. Au cours de ces vingt-cinq dernières années, nous nous sommes efforcés de publier des analyses de films représentant la diversité formelle du cinéma même, c'est-à-dire des films narratifs, [End Page 4] mais aussi des films documentaires, ceux-là même qui constituent des défis sur le plan de la forme documentaire ; des films à caractère commercial, mais aussi ceux qui se situent à mi-chemin entre les traditions nationales et génériques.

Il nous a semblé aussi important de présenter des perspectives de portée internationale. Notre engagement en faveur du cinéma canadien et québécois a été, il va sans dire, une partie importante de notre but dès le départ. Mais il reste que nous sommes avant tout la Revue canadienne d'études cinématographiques, et non la Revue des études du cinéma canadien. Pendant ces vingt-cinq dernières années, nous avons publié des travaux consacrés au cinéma de tous les continents, à l'exception de l'Antarctique (et nous attendons avec impatience un article sur le premier long-métrage fiction qui y a été entièrement tourné en 2009 : South of Sanity, de Kirk Watson). Ce dernier quart de siècle aura également connu la publication de numéros spéciaux dédiés au cinéma militant international, au cinéma japonais et au cinéaste expérimental américain Stan Brakhage, de même que des articles sur des films, des cinéastes et des institutions des...

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