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Projet d'un nouveau Commonwealth canadien GERARD BERGERON Le 15 novembre 1976 a fait prendre conscience au peuple canadien du principe unificateur du corps physique de son pays. Tout comme le patient d'un ancien malaise, serieux et s'aggravant, apprend qu'il risque d'etre l'objet d'une amputation grave - et qu'il y a meme danger de rester sur la table d'operation... Mais il se conditionne encore a l'espoir positif d'une telle intervention, qui, si elle est tentee a temps, peut aussi etre l'aube d'une nouvelle vie. II ne se reprochera rien d'autre, dans la suite, que d'avoir tant tarde a recourir a une mesure radicale qui l'aura sauve en le rajeunissant. On vit mal avec syndromes et malaises chroniques . L'imminence d'une crise certaine peut produire des effets salvateurs, mais a deux conditions: qu'on ait la lucidite du diagnostic et le courage du recours a la therapeutique necessaire, quitte a devoir l'inventer. Ce n'est malgre tout pas si simple: !'inquietude peut rester attentive, inhibitive. "Wait and see"; "une chose a la fois"; "le pire n'est toujours pas certain"; etc. Mais !'inquietude peut aussi se transformer en force motrice ou propulsive. Cela peut aussi se dire: faire face, assumer ses responsabilites , vouloir diriger le changement, le creer pour ainsi dire, et non plus seulement s'y adapter tant bien que mal. * * * L'inquietude des uns peut aussi etre l'espoir des autres. Vous avez deja transpose que cet "espoir " serait celui des independantistes quebecois. J'ajoute tout de suite que cet espoir-la est, lui aussi, inquiet: l'euphorie de la belle victoire du 15 novembre aura peu dure; la dure le~on du pouvoir en acte a porte; la conscience plus immediate des obstacles signale qu'il n'est guere facile d'imaginer un scenario seulement plausible d'une marche vers I'independence. Mais l'inverse n'est pas vrai: les "inquiets" I 8 a des titres et degres divers, dans plusieurs milieux canadiens, n'ont pas encore trouve de fondement a leur espoir. (Je ne tiens pas pour un espoir le reconfort passager que suscitent les chiffres de tel sondage ou le calcul previsionnel d'un resultat negatif du referendum a venir). Done, tout le monde est inquiet, independantistes comme federalistes, mais c'est pour des motivations personnelles assez contradictoires. Pourtant, le 15 novembre 1976 montrait d'abord que le previsible, clairement annonce par divers sondages convergents, pouvait tout betement se produire. Nous n'aurions pas dii etre Surpris. Ce fut tout de meme un traitement de chocs des consciences de tous. Victoire des Quebecois sur leur peur traditionnelle , selon une certaine rhetorique de circonstance ? - Plus indiscutablement, ce fut le fait que deux Quebecois sur cinq aient voulu changer de gouvemement, mettant entre parentheses, pour plus tard et en d'autres circonstances, un eventuel changement de regime constitutionnel. C'etait tout de meme un risque dont on ne peut presumer qu'il ait ete totalement inconscient. D'ou le paradoxe de la situation: un parti independantiste prend le pouvoir dans un Etat federe, mais renvoie la decision de secession a plus tard apres le rite plus solennel d'une nouvelle consultation, celle-la de type referendaire. Aussi, ne faut-il pas s'etonner de diverses reactions qu'on peut qualifier de contre-paradoxales: faitesle sans tarder le referendum, !'incertitude ne pouvant pas durer longtemps; si votre referendum est battu - et nous allons nous y employer - que la question soit reglee une fois pour toutes; vous ne pouvez vous comporter comme etant hors du regime et continuer d'en tirer les avantages; etc. Les deux pouvoirs principalement en cause sont happes par la dialectique de la lutte a venir. Avertissements, precisions et contre-assurances l'alimentent deja. Mais rien encore n'est debride. Les forces rivales sont sous contrOle. C'est pour le lendemain, ou le surlendemain, I'affrontement direct dans des circonstances qu'on n'imagine pas tres bien. Pour !'ensemble le nouveau gouvernement quebecois respecte son contrat electoral. Le gouvemement federal n'a pas les moyens de l'annuler Revue d'etudes canadiennes mais a !'intention de le tourner ason avantage...

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