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Reviewed by:
  • La Médecine antique by Vivian Nutton
  • Dimitri Tilloi-D’Ambrosi
La Médecine antique
Vivian Nutton (trad. par Alexandre Hasnaoui)
Paris: Les Belles Lettres, 2016, 592 p., 27,50 €

La Médecine antique de Vivian Nutton est la traduction française d’un ouvrage paru en anglais pour la première fois en 2004, dont la préface est établie par Jacques Jouanna, éminent spécialiste d’Hippocrate. Nutton est l’auteur de plusieurs publications sur Galien et sur la médecine en Occident à des époques ultérieures. Peu d’ouvrages opèrent une synthèse précise et complète de la médecine des civilisations grecque, hellénistique et romaine, à l’exception peut-être des deux volumes de La medicina dei Greci e dei Romani de I. Mazzini (1997) ou du livre de V. Dasen et H. King, La médecine dans l’Antiquité grecque et romaine (2008). L’ouvrage de Nutton est de ceux-là puisqu’il souligne la continuité entre l’histoire médicale de ces deux mondes. Il expose en effet de façon détaillée le cheminement de la médecine gréco-romaine de ses origines à la fin de l’Antiquité, puisque la fourchette chronologique retenue s’étend des temps d’Homère jusqu’au 7e siècle ap. J.-C., époque de Paul d’Égine. Des perspectives plus larges sont finalement ouvertes dans la conclusion en articulant l’histoire de la médecine antique avec celle de la médecine en Occident en général. La force de ce livre est de ne pas se centrer uniquement sur la tradition hippocratique et galénique, mais de faire émerger toute la diversité de la pensée médicale antique en dépit de l’inégale répartition des sources. Après une présentation des sources utilisées, un panorama épidémiologique permet d’abord [End Page 543] de bien cerner les différentes pathologies dont souffraient les populations antiques, notamment nutritionnelles, avant que ne soit exposée l’histoire de la pensée médicale de façon chronologique.

Pour évoquer les débuts de la médecine dans le monde grec, Nutton a recours aux œuvres écrites les plus anciennes. En effet, déjà dans l’Iliade des indications détaillées sur la chirurgie peuvent être trouvées. Comme à l’époque romaine, les œuvres littéraires grecques témoignent d’une diffusion des connaissances médicales au-delà du seul cercle des médecins, ce qui renforce la vitalité de la médecine antique et ses interactions avec la société. L’auteur s’interroge également dans ce chapitre sur la médecine avant Hippocrate et sur le degré d’influence de la médecine venant d’autres aires culturelles comme l’Égypte ou la Mésopotamie durant l’époque archaïque. Il note également le rôle déterminant joué par les philosophes présocratiques dans l’essor de la pensée médicale au sein du monde grec, et ce bien avant la pensée platonicienne et aristotélicienne.

Une part importante de l’ouvrage est ensuite consacrée à Hippocrate, dont la paternité de certains textes du Corpus est vivement discutée dès l’Antiquité. La théorie des humeurs et les conceptions liées au fonctionnement du corps définies par l’hippocratisme sont cruciales pour bien comprendre la thérapie qui en résulte. Mais la médecine hippocratique définit bien plus que des théories, car ce sont aussi des pratiques, des gestes, des postures que doit adopter le médecin en vertu du Serment d’Hippocrate, texte postérieur au médecin dont il porte le nom. C’est dans ce cadre que sont construites les trois grandes divisions de la médecine que sont la chirurgie, la pharmacopée et la diététique. Nutton décortique également la complémentarité entre une médecine se voulant scientifique et les croyances religieuses. Les sanctuaires de guérison antiques occupent en effet une place fondamentale dans la culture médicale antique, à l’image d’Épidaure ou Pergame.

L’époque hellénistique, ensuite abordée par...

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