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Reviewed by:
  • Les Juifs de Québec. Quatre cents ans d'histoire ed. by Pierre Anctil, Simon Jacobs
  • Alain Goldschläger
Les Juifs de Québec. Quatre cents ans d'histoire, s. la dir. de Pierre Anctil et Simon Jacobs, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2015, xviii– 244 p., 35$

L'histoire de la communauté juive de la ville de Québec est remarquable sous divers aspects. Elle brille par ses accomplissements certes, mais aussi parce qu'elle apparaît comme le modèle de l'évolution de communautés ethniques dans des villes de taille moyenne au pays. Dans un livre richement illustré, Pierre Anctil et Simon Jacobs nous proposent une visite mémorielle palpitante dans l'histoire tricentenaire de la présence juive dans [End Page 405] la capitale. Avec l'aide de collaborateurs distingués dont Ira Robinson, Christian Samson, Marilyn Bernard notamment, les directeurs offrent une lecture bilingue et détaillée des moments forts ou des difficultés sociales, religieuses, politiques de la communauté. Avant le XXe siècle, quelques individus d'exception luttèrent, parfois avec succès, pour faire reconnaître leurs droits civils et politiques, et démontrèrent leur capacité à faire progresser l'industrie comme, par exemple, Sigismund Mohr qui apporta l'électricité à Québec. Le texte raconte la vie de plusieurs familles et révèle la vivacité et souvent la résilience de leurs membres devant les écueils de l'existence juive dans un monde profondément catholique qui avait bien des appréhensions par rapport à l'action de certaines personnalités fortes, comme celles de Maurice Pollack—qui fut un « roi de la communauté »—, de Léa Roback, de Marcel Adams, etc. Le livre explore et démontre la vitalité de cette communauté, réduite certes, mais totalement impliquée dans le siècle, construisant des ponts interculturels et ainsi rencontrant la modernité et s'y adaptant. On constate les rapports de bon voisinage entre les Juifs et leurs voisins, même si des difficultés ponctuelles (comme l'Affaire Plamondon ou l'édification d'une nouvelle synagogue) font les manchettes des journaux surtout sous la pression de la paroisse. L'Action catholique entretient un discours méfiant, antimoderniste et parfois franchement antisémite. Les Juifs de Québec se concentrent dans le petit commerce en contraste avec ceux de Montréal ou Toronto et ils rencontrent des clients aux moyens modestes moins sensibles au discours antisémite de l'époque. Ils apprennent rapidement le français et surtout l'anglais, car en dehors de leur monde où ils utilisent le yiddish, tous leurs contacts les mènent à utiliser les idiomes locaux. La loi concernant l'éducation les oblige à envoyer leurs enfants dans le système protestant anglophone, mais au vu des nécessités commerciales, ils utilisent facilement l'une ou l'autre langue même s'ils privilégient l'anglais.

En 1831, on recense 23 Juifs à Québec et 85 à Montréal. En 1901, on en dénombre 302 à Québec, et ce nombre justifie une synagogue, un boucher casher et un guide spirituel. Une seconde synagogue fut bientôt érigée, révélant bien un afflux d'immigrants d'Europe de l'Est surtout dans les années 1920. La population juive continua de croître lentement jusqu'à la fin des années 1950 pour atteindre plus de 500 personnes lors du recensement de 1951. La communauté ne semble pas avoir placé la vie religieuse au centre de ses préoccupations, mais l'environnement lui rappelait clairement ses différences. Un chapitre plein d'intérêt décrit l'aventure des internés allemands—dont de nombreux Juifs, expulsés d'Angleterre, qui passèrent les premières années de la guerre dans un camp sur les Plaines d'Abraham. Dès les années 1960, la communauté se voit pressée par la question des mariages mixtes, ce qui crée une grave crise interne. Cette crise s'ajoute aux difficultés linguistiques et aux obstacles à maintenir [End Page 406] une existence juive moderne. Le choix pour les jeunes se trouve extrêmement limité et...

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