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Reviewed by:
  • Bourdieu et le travail par Maxime Quijoux
  • Mylène Mongeon
Quijoux, Maxime, dir., Bourdieu et le travail, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2015, 369 pages.

Cet ouvrage dirigé découle d'un colloque aspirant à combler le silence décelé au sein de la littérature de la sociologie française sur l'apport de Pierre Bourdieu au sujet du travail. Ce projet ambitieux devait, tel que formulé au moment de sa conception, explorer et mettre en lumière à la fois la manière dont Bourdieu a traité le travail et ses thèmes connexes, le potentiel de ces contributions pour l'avancement de « ce champ de recherche » (15), leur actualité pour une application contemporaine et finalement, le processus par lequel ce volet des écrits de Bourdieu en est venu à être négligé au sein de la sociologie française. Le but initial du colloque s'est, malheureusement, révélé impossible à accomplir dans son entièreté et cet ouvrage, nous dit Quijoux, ne constitue que « le résultat préliminaire et parcellaire de ces réflexions » (15). En conséquence, bien qu'insuffisant pour combler de manière exhaustive le manque de littérature sur la manière dont Bourdieu conceptualise le travail, le présent ouvrage sert, nous dit Qijoux, à « ouvrir un nouveau chantier historique et épistémologique afin de voir la place qu'occupe [Bourdieu] dans l'analyse du travail contemporain ». (16) Pour ce faire, l'ouvrage a été divisé en cinq parties. Si les deux premières parties de l'ouvrage semblent tenir la promesse d'une exploration enrichissante de l'analyse que fait Bourdieu du travail, la suite de l'ouvrage glisse vers une discussion qui s'écarte de la notion de « travail » comme discuté par Bourdieu, pour aller vers une analyse qui prend plutôt comme point focal d'autres concepts développés par ce dernier. Plus populaires, ces concepts incluent ceux de l'habitus, de champ ou encore de pouvoir symbolique.

La première partie rassemble et analyse les écrits de Bourdieu se rapportant à l'étude du travail. En explorant l'évolution chronologique de la conception et de l'analyse que ce sociologue fait du travail, Quijoux démontre comment ces réflexions ont pu être, en partie, précurseurs de l'émergence d'autres concepts clés de sa pensée tels que ceux de « trajectoire » (33) et d'« habitus » (ibid.) Simultanément, il fournit un cadre analytique qui permet de concilier certains des débats et controverses contemporains se rapportant aux notions de domination et de reproduction telles qu'élaborées par Bourdieu. Le point culminant de cette première partie survient lorsque Quijoux affirme que « le travail chez Bourdieu constitue un objet paradigmatique, en ce sens qu'il cumule à la fois toutes les propriétés de la domination [. . .] et les conditions nécessaires à son dépassement » (66). En d'autres mots, le travail est, pour Bourdieu, « lieu de reproduction par excellence–qui offre à la fois les conditions et les outils d'une "rationalisation" de l'action des agents » (66). Ainsi, à la lumière de son potentiel libérateur et transformatif, le travail est replacé au centre des préoccupations de Bourdieu et apparaît comme nécessaire à toute tentative d'explorer le « monde social » (79). Malheureusement, le potentiel du travail comme lieu de dépassement de la domination est par la suite délaissé et bien que les thèmes de travail et de domination soient abordés conjointement dans la cinquième partie de l'ouvrage, l'accent est plutôt mis sur les mécanismes de domination que sur leur dépassement.

La deuxième partie, quant à elle, est formée de textes traitant de l'«époque algérienne » (16) de Bourdieu, qui a été en grande partie ignorée par les sociologues, préférant plutôt se concentrer sur ses contributions ultérieures en France. Cette partie est, encore une fois, structurée chronologiquement. D'abord, nous sommes transportés par Bourdieu lui-même en Algérie, à travers un texte réflexif écrit au temps où il y a résidé. Ce texte, en plus d'éclaircir les conditions de son s...

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