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Reviewed by:
  • La Représentation de la vie psychique dans les récits factuels et fictionnels de l'époque classique ed. by Marc Hersant, Catherine Ramond
  • Bruno Tribout
La Représentation de la vie psychique dans les récits factuels et fictionnels de l'époque classique. Sous la direction de Marc Hersant et Catherine Ramond. (Faux Titre, 405.) Leiden: Brill/Rodopi, 2015. 456 pp.

Ce volume émane du programme de recherche "Rédt et vérité à l'époque classique', dont l'originalité consiste à interroger simultanément les récits factuels et fictionnels, en partant des [End Page 111] questions formelles posées par un corpus qui n'a cessé d'explorer les frontières entre histoire et fiction. En ce sens, une des réussites du recueil tient dans le dialogue qu'il instaure, autour de la représentation de la vie intérieure, entre histoire littéraire et théories narratives, notamment celles de Käte Hamburger et de Dorrit Cohn, dont l'ouvrage sur La Transparence intérieure (trad. A. Bony (Paris: Seuil, 1981)) est ici discuté par Ann Banfield, dans un compte-rendu traduit par Sylvie Patron. La théorie a souvent durci l'opposition entre récits à la première personne et récits à la troisième personne: ces derniers auraient le privilège de permettre une plongée dans l'intériorité des personnages, que n'auraient pas les énoncés en je, même s'ils relèvent parfois d'un régime de feintise. Ces approches sont d'abord confrontées ici aux textes théoriques de la première modernité. Renvoyant à l'opposition entre théories poétique et communicationnelle du récit, Delphine Denis souligne les conséquences, pour la représentation de l'intériorité, du désengagement de 'l'historien' dans la nouvelle classique. Béatrice Guión analyse chez les théoriciens de l'histoire les enjeux poétiques et moraux du dévoilement des motifs des personnages historiques. Florence Dumora évoque le cas limite du récit de rêve et son utilisation par la théorie narrative pour cautionner la distinction entre récits à la première et à la troisième personne, frontière que le nous des moralistes révèle poreuse. Plusieurs contributions explorent ensuite cette ambivalence dans une section consacrée aux récits factuels: Marc Hersant se penche sur l'usage de la troisième personne dans la partie autobiographique des Notes sur tous les duchés-pairies de Saint-Simon; Hélène Merlin-Kajman évoque le conditionnement socio-historique des passions qui se traduit par une transparence 'extérieure' dans les Mémoires de Catherine de La Guette (1681). D'autres chapitres montrent comment la représentation de la vie intérieure passe par une mise en fiction, chez Casanova (Cyril Francés), Mme de Staël (Stéphanie Genand) ou dans les témoignages des convulsionnaires de Saint-Médard (Michèle Bokobza Kahan). Les partitions narratologiques proposées par Hamburger et Cohn sont également mises à l'épreuve dans plusieurs études portant sur les récits fictionnels, notamment sur un ensemble de textes en je chez Théophile de Viau (Marie Capel) et sur les trois versions de Justine (Catherine Ramond). D'autres chapitres analysent les formes hybrides que sont les Mémoires apocryphes (Françoise Gevrey) ou la nouvelle historique (Adrienne Petit). Une écriture de l'insu dans La Vie de Marianne (Jean-François Perrin) et une mise en scène de l'opadté psychologique chez Crébillon (Violaine Géraud) engagent enfin une réflexion sur l'évolution des types d'intériorité représentés. Les contributeurs invitent alors à examiner le discours mystique (Adrien Paschoud), médical (Dominique Brancher) ou physio-psychologique (Caroline Jacot Grapa). Le volume revient pour finir sur des textes autobiographiques marqués par une figuration paradoxale ou fragmentée du moi, chez Mme de Staal-Delaunay (Damien Zanone) et le prince de Ligne (Daniel Acke), avant de se refermer sur l'entreprise problématique des Confessions de Rousseau (Paul Pelckmans). Il s'agit en somme d'un recueil riche et utile, qui parvient à éclairer, souvent de fa...

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