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Reviewed by:
  • Strategies of Identification: Ethnicity and Religion in Early Medieval Europe dir. by Walter Pohl and Gerda Heydemann
  • Piroska Nagy
Walter Pohl et Gerda Heydemann (dir.) Strategies of Identification: Ethnicity and Religion in Early Medieval Europe Turnhout, Brepols, 2013, xiii- 349 p.

Cet ouvrage collectif résulte, aux côtés de plusieurs autres, d'un projet de recherche de grande envergure consacré aux identités ethniques dans l'Europe du haut Moyen Âge, conduit par Walter Pohl, professeur et chercheur héritier de l'École de Vienne, souvent considérée comme hégémonique dans ce champ1. W. Pohl a consacré la majeure partie de ses recherches depuis trente ans aux questions de l'ethnogenèse et de l'ethnicité au haut Moyen Âge. Cet ouvrage n'apporte pas de grande nouveauté par rapport à ce chantier immense et déjà bien avancé; en revanche, il propose de s'interroger sur un lien rarement fait: celui de l'ethnicité avec la religion (quoique uniquement chrétienne) dans l'Europe du haut Moyen Âge. Outre l'importante synthèse méthodologique introductive sur l'ethnicité, rédigée par W. Pohl lui-même, le livre contient six études de cas.

L'introduction, qui discute les problèmes méthodologiques et définitionnels du concept d'ethnicité, fait étonnamment peu de cas du problème du religieux. Cette question, centrale pourtant dans le volume, n'occupe au mieux que sept pages sur une cinquantaine, dont six concernent l'étude des répertoires d'identification fournis par l'Ancien Testament. [End Page 991] À travers un vaste bilan historiographique soutenant sa réflexion méthodologique, l'introduction propose de redéfinir la notion d'ethnicité que W. Pohl a fortement contribué à enraciner en histoire médiévale, en tenant compte de la nature des sources altimédiévales et de la mobilité des identifications. La discussion détaillée des différentes façons de conceptualiser et d'identifier l'ethnicité dans la littérature pertinente pour le propos aboutit au déplacement d'une vision statique de l'identité ethnique, fondée sur des critères d'inclusion/exclusion dans un groupe, vers une conception dynamique privilégiant des critères à la fois objectifs et subjectifs. Surtout, orientée vers les processus et pratiques d'identification – donc l'agentivité (agency) des acteurs individuels ou collectifs –, la notion d'ethnicité est envisagée à travers les stratégies d'identification et de distinction ou de négociation de l'identité. Si tout cela semble déjà bien classique2, cette mise au point détaillée sur la notion d'ethnicité reste utile.

Les six essais du volume discutent l'usage de l'ethnicité dans les sources écrites altimédiévales en rapport avec ce que le titre appelle «religion». De fait, il s'agit de l'usage, jamais abordé de face, des références culturelles, des traditions, des pratiques, du langage ou du corpus chrétiens pour élaborer, négocier ou mettre en valeur l'ethnicité en construction. D'autres religions – celles, notamment, des peuples en voie d'intégration à l'Europe chrétienne dont il est souvent question – n'apparaissent guère dans le volume.

Les deux premiers essais s'intéressent aux transformations chrétiennes des notions latines d'ethnicité chez deux grandes figures de la Latinité tardo-antique: Augustin (mort en 430) et Cassiodore (mort vers 580-585), aux deux extrémités de la période qui a vu la grandeur de Rome disparaître, où les notions romaines durent être repensées dans une perspective où Église et Empire ne se recouvraient plus en Occident. Richard Corradini propose une étude – le seul texte en allemand – quelque peu alambiquée de la manière dont Augustin, après le sac de Rome en 410, transforme la vision romaine de l'histoire, du monde et de l'homme dans une conception chrétienne profondément eschatologique. C'est notamment dans sa Cité de Dieu que l'évêque d'Hippone met en place sa vision paradoxale et utopique d'une histoire eschatologique et d'un nouveau peuple de Dieu dont chaque membre est un étranger sur...

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